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Cependant Margot se sentait davantage à l’aise que d’évoquer les potins
                   d’une classe qu’elle avait totalement oubliée. On parla ensuite de sa santé,

                   chacune décrivant ses petites misères, et on jalousa Margot qui semblait se
                   porter comme un charme.


                   « Franchement, les filles, dit Margot, à nos âges, parler de nos santés … ça

                   fait terriblement mamies, vous ne trouvez pas ? On pourrait laisser cela pour
                   des retrouvailles dans trente ans !


                   Ces sages paroles provoquèrent immédiatement une sorte de malaise et des
                   regards furent échangés de part et d’autre de la table qui firent regretter à

                   Margot de les avoir prononcées. Lou fronça les sourcils, l’air mécontent, puis

                   fit un grand sourire.

                   – Moi j’aime beaucoup tout ce qui est médical, dit-elle d’un ton qui

                   n’admettait aucune réplique. Je m’y intéresse beaucoup. Et puis tu devrais
                   être satisfaite que je m’intéresse à ta santé.


                   – Oui, mais me demander des nouvelles de mes reins, de mon foie ou de

                   mon cœur, c’est peut-être excessif. »

                   Les autres éclatèrent de rire et on passa à d’autres sujets. Le reste de la

                   journée se passa à visiter Quimper, on alla voir la cathédrale Saint Corentin,
                   on s’extasia sur son énorme portail sculpté et la blancheur de la pierre, on

                   visita la vieille ville et ses maisons à colombages de la Renaissance, puis

                   l’on se rendit au port pour rêver de bateaux et de longs voyages. Mais durant
                   cette journée, Margot sentit que quelque chose clochait. Elle avait intercepté

                   des regards étranges, des paroles à double sens murmurées par certaines,
                   et bientôt malgré la bonne humeur générale, il lui sembla percevoir une

                   atmosphère pesante qui la fit frissonner, mais elle n’aurait su dire pourquoi.

                   Parmi les femmes, l’une semblait bien plus douce que les autres. Elle

                   s’appelait Marie, était assez timide, s’exprimait peu, mais affichait toujours un

                   charmant sourire et un regard bienveillant. Margot se rapprocha d’elle. « Je
                   suis désolée, Marie, mais je dois te confesser quelque chose : je ne me

                   souviens absolument pas de toi et je dois le dire, de cette classe. Pourtant
                   j’ai une impression bizarre, comme si elle avait été le théâtre d’un évènement




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