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fin, le labrador monta d’un pas lourd et traînant les 4 étages. Hélène traînait la patte également…
Elle ne faisait toujours pas de sport, il y avait quatre étages tout de même, et n’était pas pressée de
reprendre sa routine. Le cœur lourd, elle sonna porte gauche 4ème étage. Elle caressa la tête de ce
brave toutou. Il lui répondit d’un grand coup de léchette sur la paume de la main. Cette fois, quand
la voix l’invita à entrer, elle entrouvrit la porte sans attendre. Le labrador courut rendre compte à
son maître de cette balade. Pour lui c’était une simple sortie, pour Hélène, toute une aventure.
“Et essaie d’être à l’heure ce soir. Tu sais que j’ai horreur de le faire attendre. Je te paie pour ça. Et
claque pas la porte en partant. Y’a une poignée ce n’est pas pour rien. Ouais c’est ça, bonne journée
à toi aussi..”
Hélène sourit. Les grommellements du propriétaire canin acariâtre ne pourraient pas entacher cette
belle journée. Elle avait retrouvé un instant la joie des choses simples et elle se sentit d’une énergie
nouvelle pour accomplir sa journée.
Tandis qu’elle refermait délicatement la porte en veillant à bien actionner la poignée, une jeune fille
échevelée venait à sa rencontre en montant 4 à 4 les escaliers. Rouge écrevisse, elle semblait avoir
couru un marathon.
“ Bonjour, excusez-moi, suis en retard, le bus, loupé, station…”
Essoufflée, elle avait du mal à s’exprimer.
" - Bonjour ! Inutile de vous inquiéter, j’ai sorti le toutou. Le propriétaire était content. Tout va
bien. Vous pouvez aller en cours. Par contre, essayez d'être à l’heure pour la prochaine balade.
- c’est vrai ? Oh merci merci ! Mais vous êtes qui ? Je ne vous ai jamais vu.
- juste l’infirmière de Mme Bigot du 5ème.
- Ah… et..
Jetant un œil à sa montre, Hélène écarta toutes questions supplémentaires en faisant un geste vague
du bras l’air de dire, oui oui c’est logique qu’une infirmière sorte un chien comme ça à l’improviste.
La jeune fille restait indécise sur le palier ne sachant si elle devait vérifier les dires de cette
inconnue ou profiter de cette aubaine pour être enfin à l’heure en cours…
Tandis qu’elle gravissait les premières marches du 5ème étage, Hélène se retourna une dernière fois
et l’interpella :
“- Mais au fait, comment s'appelle-t-il ?
- Pardon ?
- Le chien, quel est son nom ?
- Chronos, il s’appelle Chronos.
- Oh !”
Chronos, songea Hélène en remontant les dernières marches la menant à Mme Bigot. C’était
ironique que ce brave toutou, portant le nom d’un dieu grec du temps, lui ait imposé une pause dans
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