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Voilà qui est bien étrange. Et maintenant il se tient immobile comme en équilibre sur les pattes
avant et fait une tête bizarre…
“Ah non ! non non non ! C’était pas prévu au programme ça. Non pas là !!”
Trop tard, il venait de lui laisser un joyeux cadeau odorant en plein milieu de l’allée. Hélène regarda
vite fait à droite puis à gauche. Peine perdue. Les joggeurs la lorgnaient d’un air coupable comme si
c’était elle qui venait de faire cette immondice au milieu de l’allée. Un vieux couple sur un banc la
scrutait d’un air sévère, prêt à alerter le quartier entier si elle n’agissait pas civilement. Elle ne
savait que faire. Elle n’allait tout de même pas la mettre dans sa poche ! Elle farfouilla bêtement
dans ses poches dans l’espoir de trouver un mouchoir. Elle avait dans sa trousse des compresses,
des bandages, des pinces… tout un arsenal mais elle ne se voyait pas les souiller pour ça !
“Vous en voulez hein ?” lui demanda d’un air complice un jeune homme qui passait par là.
Interloquée, Hélène se demanda ce qu’il lui voulait lorsqu’elle aperçut le petit sac plastique noir
qu’il lui tendait.
“Oh oui merci !” Soulagée, elle le regarda s’éloigner portant fièrement à bout de bras le présent que
son propre chien avait dû lui faire au détour de l’allée précédente, attendant sagement de trouver
une poubelle digne de recevoir cette offrande. Génial ! Elle se faisait des amis popo-chien. Jetant un
dernier regard au beau brun qui disparaissait au loin, elle se dit que décidément, sortir prendre l’air
avec un toutou même inconnu avait des avantages qu’elle n’aurait pas soupçonnés. Retour à la
réalité, sac plastique, crotte, mode d’emploi ? Ah oui super pratique, c’est noté sur le sachet. Mettre
la main dans le sac. OK. Saisir à pleine main l’objet du délit… ok Berk. Oh c’est rigolo, c’est
encore tout chaud. Retourner le sachet en maintenant le précieux cadeau dedans pour libérer votre
main. Fermer le sachet à l’aide d’un nœud. Hum… il n’y a pas écrit bouchez-vous le nez quand
vous pressez le sachet. Berk berk berk. Le labrador la regardait sagement assis, remuant la queue
comme si l’aventure le faisait se marrer.
“Allez ça suffit ! On rentre !”
Docile, le labrador reparti avec entrain, Hélène aussi, fière comme les autres de son sachet preuve
de son civisme, dont elle se débarrassa tout de même à la première occasion venue. Fière, d’accord,
mais pas fétichiste pour autant !
Elle se retrouva bientôt au pied de l’immeuble, prête à reprendre sa journée là où, de manière
impromptue, elle avait tourné court.
Elle plongea son regard dans les yeux du labrador et sentit une profonde gratitude à son égard.
Finalement, ils venaient de se rendre mutuellement service. Lui un besoin urgent à assouvir et elle
un besoin urgent de se poser pour se reconnecter au monde. Machinalement, Hélène jeta un œil à sa
montre. 7h35 ! Seulement ? Pourtant elle avait l’impression que cela faisait une éternité qu’elle était
partie promener ce chien. La queue basse, conscient que la petite escapade matinale touchait à sa
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