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normalement.
Il lui raconta qu'après son départ de Saint Quentin, tout s'était écroulé dans sa
vie. Il avait divorcé, déposé le bilan, vendu la maison, déménagé.
– Ça fait maintenant plus de 20 ans que j'habite Rennes. Je suis salarié chez un
gros paysagiste de la région.
– Pourquoi Rennes ? lui demanda-t-elle
– Le hasard. J'ai répondu à une annonce et puis voilà. C'était clair pour moi, que je
voulais quitter le nord. J'ai beaucoup pensé à toi, tu sais ? Tu m'as manqué.
Elle le laissait parler, le calme était revenu dans son cœur. Elle regardait son
corps si passionnément aimé. Son tee-shirt était désormais tendu au niveau du ventre,
ses rares cheveux lui tombaient dans les yeux et il les rejettait continuellement d'un
geste de la tête. Sa voix était sa voix, l'accent du nord toujours présent.
Ils parlèrent longtemps. Elle posait les questions, il répondait. Mais jamais, il ne la
questionna. Il pensait toujours être son centre d'intérêt à elle. C'était comme cela que la
relation entre eux deux s'était construite. Il avait l'habitude d'être écouté, d'être le
centre de l'attention.
- Tu pars ? Lui demanda-t-il quand elle se leva.
- Oui, il est temps.
- On se reverra ?
- Non, je ne crois pas. Désolée.
Elle paya et s'en alla. Elle ne se retourna pas.
Elle savait maintenant pourquoi elle lui avait téléphoné.
Elle voulait le quitter à son tour.
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