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Il prit le chèque. Sur le chemin du retour elle eut envie d'évoquer la fin proche de
              son remplacement. Mais elle ne le fit pas. Ce n'était pas le bon moment. D'ailleurs, elle

              prit alors conscience que jamais, il n'avait posé la question de son après
              remplacement. S'en désintéressait-il ?

                    Le lendemain, comme  par  hasard,  elle reçut  un coup  de  fil qui changea sa

              destiné. Un médecin qu'elle connaissait, un ami de ses parents qui habitait Rennes, la
              ville où elle avait grandi, lui annonça qu'il partait en retraite, si elle voulait prendre sa

              suite …
                    Elle attendait qu'Yves passe la voir pour lui annoncer la nouvelle, mais, cette

              semaine là, il ne vint pas et la semaine suivante non plus ! Elle finit par l'appeler chez
              lui. Ouf, ce fut lui et non sa femme qui répondit. Que se passe-t-il ? lui demanda-t-elle.

              Je passe ce soir, je t'expliquerai. Il raccrocha. Et effectivement, il lui expliqua. Claire, sa

              femme, avait appris sa liaison. Il ne pouvait pas dire comment, mais le fait est, qu'elle
              le savait. Il faut qu'on arrête de se voir pour l'instant lui dit-il. Il gardait ses distances, ne

              la prenait  pas dans ses bras,  ne la touchait  pas. Il ne s'était  pas rasé, son  haleine

              sentait le whisky. Ses cheveux, ses beaux cheveux étaient gras.
                    - Mais tu ne m'aurais rien dit, si je ne t'avais pas appeler ? Comment comptais-tu

              régler la situation ?
                    - Je ne sais pas, il faut que je me concentre sur mon travail. Je regrette Suzanne,

              je suis désolé.
                    Il se retourna et disparut dans l'escalier. Descente vertigineuse de l'ascenseur

              dans le puits de la mine. Va-t-il s'arrêter ?

              Tout se précipita  ensuite.  Elle  fit  de  nombreux aller/retour entre Rennes et Saint-
              Quentin,  en sus des démarches  pour prendre le cabinet,  elle  devait chercher un

              logement. Le temps passa très vite. Curieusement, elle ne croisait plus la camionnette
              Espaces et jardins. Elle le revit cependant, encore une fois, au marché, à la terrase du

              café L'Uni. Elle réussit à faire un détour.
                    Elle prit congé  de  madame Colin et préféra l'escalier à l'ascenseur. Elle

              descendait lentement  en tenant la rampe. L'attendait-il au  pied de l'immeuble ? Elle

              craignait (mais ne le souhaitait-elle pas aussi ?) de se retrouver en face de lui. Il ne
              ressemblait plus à ce qu'il avait été. Il avait grossi, cheveux coupés clairsemés, dents

              imparfaites, double menton. Etait-ce l'homme qu'elle avait aimé ?

                    Il m'a remboursé, se rappelait-elle, mois après mois, sans faillir. Elle avait dû lui
              transmettre sa nouvelle adresse par courrier, et tant pis si sa femme ouvrait la lettre, le



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