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Sa crainte et celle du commissaire était bien que le corps de cette dame soit retrouvé dans les
heures qui suivent soit dans l'eau du port soit au milieu des bois et encore une fois, la police se
verrait accusée d'immobilité et du manque le plus élémentaire d'empathie pour une personne âgée.
En fonction de ce qu'il trouverait dans les fichiers auxquels il avait accès, il téléphonerait au
substitut pour l'informer et savoir quelle suite - s'il y en avait une - serait à donner à ce signalement
d'absence d'une personne âgée.
En attendant il rentra chez lui, raconter tous ces événements à sa femme et boire un whisky
bien tassé. Une chose à la fois et ne pas se précipiter. Tout de même, comment peut-on vivre en
plein centre d'une grande ville, passer son temps à lire des livres, à se connecter sur Internet et
n'avoir qu'aussi peu de contacts avec ses plus proches voisins ?
C'est perdu dans ses pensées que son téléphone le rappela à son quotidien. C'était l'adjoint au
maire qui venait aux nouvelles.
Côté mairie, rien de très particulier, elle s'était déplacée pour allé voter car le registre était
paraphé.
− Ah si un fait inhabituel ! Elle n'assistait pas au repas des aînés et avait demandé que son
colis de Noël soit remis au Restaurants du Coeur. C'est bien à sa connaissance, la seule
personne de la commune à faire ça. C'est tout de même curieux comme comportement, vous
ne trouvez pas ? Je voulais vous demander également, vous le savez, nous avons de bonnes
relations avec le Télégramme de Brest, vous n'êtes pas au courant si quelqu'un est passé ?
− Non, je n'ai pas vu de journalistes avenue du manoir mais lorsque les pompiers sortent la
grande échelle, ils ne sont pas loin, ils ont bien du être prévenus par des voisins. Ils ont bien
le temps de se mettre en chasse car on ne sait pas encore si cette dame s'est simplement
absentée de chez elle ou si elle a vraiment disparu. Il nous faut un peu de temps. Vous
pouvez rassurer monsieur le maire, nous allons faire notre possible pour retrouver cette
dame, même si elle n'a pas eu d'enfants, elle est peut-être partie dans de la famille. On va
voir ça, on fait notre possible. Au revoir monsieur l'adjoint.
Effectivement dans son édition du lendemain, en page intérieure, un article détaillait
l'intervention des pompiers par le menu. Beaucoup de questions étaient posées à propos de cette
veuve aisée et trop discrète d'un officier de la Royale. Tout y était évoqué pour susciter l'émotion,
du départ volontaire au « saucissonnage » qui aurait mal tourné jusqu'au kidnapping ! Le rédacteur
de l'article s'indignait même de l'absence de lancement de la procédure de recherches pour
« disparition inquiétante ». Il était précisé que les chances de succès de cette procédure étaient
bonne si elle était engagée au plus tôt. Pourquoi la police traîne -t-elle ainsi ?
La lecture du journal laissa perplexe le commissaire de police. Quelles raisons aurait-il de se
lancer dans une telle affaire si demain matin cette dame âgée rentrait chez elle ? Il n'en retirerait que
du ridicule et diverses observations narquoises et déplaisantes de sa hiérarchie. Sur ces entre-faits,
la cheffe de cabinet du Préfet, l'attendait sur la ligne 2.
− Bonjour commissaire, je venais aux nouvelles à propos de cette disparition d'une
personne âgée, avez-vous progressé ?
− Bonjour madame, c'est vous la nouvelle cheffe de cabinet ? Bienvenue en Bretagne.
− Oui merci, comme vous la savez monsieur le commissaire, nous allons avoir l'honneur
d'accueillir le secrétaire d'état à la sécurité Intérieure dans 2 jours et je ne suis pas
persuadée que monsieur le préfet apprécierait que des proches de cette personne disparue
ne l'interpelle à propose des moyens mis en œuvre par nos services par presse interposée.
Vous me comprenez.
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