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−  Je réunis tous mes gens ce matin, on fait un point précis car on ne sait toujours pas s'il
                       s'agit bien d'une disparition et je fais le nécessaire. Je ne manquerais pas de vous tenir
                       informée. Je vous souhaite une bonne journée.

                   Manquait que ça ! Fut sa première réflexion intérieure; je vais avoir sur le dos cette jeune
            cheffe de cabinet tout juste émoulue de son école, une parisienne qui veut venir nous apprendre
            notre boulot. Va falloir faire avec, se dit avec résignation!


                   En parlant de réunir tout son monde, il parlait large car sur son effectif théorique, il y avait
            deux postes vacants, un en longue maladie, deux en récupération d'ARTT et un autre en arrêt du fait
            d'une gastro. Quelles motivations de sa décision de mise en place de la procédure de recherches
            pour disparition inquiétante allait-il bien pouvoir trouver ?  Il lut à  haute voix son guide des
            procédures et s'arrêta sur le motif de la santé du ou de la disparue.

                   Il appela dans son bureau, l'inspecteur qui s'était rendu sur les lieux, ce dernier fit la
            remarque que la docteure qu'il avait vue sur place avait l'air d'une brave femme dévouée à sa
            patientèle et qu'elle ne devrait pas faire de difficultés pour témoigner de l'état de santé chancelant de
            sa patiente et que sa pathologie la rendait particulièrement fragile. Ainsi fut fait.

                   Les pistes de recherches habituelles comme les hôpitaux, morgues et autres lieux tout aussi
            sympathiques comme les gares et agences de voyages furent vainement explorées, et après ?
                   Fallait-il aller jusqu'à faire sonder les bassins du port par des plongeurs ?

                   Restait l'appel à témoins. Faire passer une annonce dans le Télégramme de Brest.
            L'inspecteur retourna dans l'appartement avec le serrurier qui avait bloqué la porte d'entrée pour
            éviter des pénétrations de curieux et des vols. Après une fouille méticuleuse il finit par trouver une
            ancienne boîte  à chaussure contenant des photos datant de plusieurs années ou on la voyait en
            compagnie d'autres personnes dont son mari en uniforme. La photo datait mais était plus parlante
            que celle archivée  au fichier des cartes d'identités, plus récente mais qui avait déjà du servir  à
            plusieurs reprises. Cette dame n'avait pas de papiers d'identité récents, d'ailleurs à quoi lui auraient-
            ils servis  au quotidien?
                   Le Télégramme passa donc la photo avec le numéro de téléphone du commissariat.
            Suivait un article relatant l'enquête des ses journalistes au sujet cette dame fille unique, née à Saint
            Lunaire dans les Côtes d'Armor en 1933 d'un père ingénieur à l'usine d'électricité et d'une mère au
            foyer.  Le  réseau de journalistes du Télégramme avait été mis sur le coup et s'était montré
            performant. Il était même précisé qu'après la guerre elle avait poursuivi des études de comptabilité à
            Rennes. Aucune autre trace de cette famille peu nombreuse qui avait en outre semblait-il essaimée
            sur la région parisienne.

                   Force était de constater qu'ils étaient plus prompts à intervenir que la police !
            Le commissariat ne reçu pas moins de trente  appels téléphoniques,  certains farfelus, d'autres
            susceptibles d'être crédibles furent vérifiés mais restèrent sans suite, les portes se refermaient les
            unes derrières les autres.

                   Le secrétaire d'état à la sécurité intérieure annoncé par la cheffe de cabinet, fit sa visite en
            préfecture, s'enquit des  dossiers en  cours, félicita les fonctionnaires pour l'énergie  et les moyens
            déployés pour retrouver cette veuve d'officier disparue sans laisser trace, les assura de tout son
            soutien et demanda qu'on le tienne au courant de la suite et préconisa  même de ne pas hésiter à
            faire effectuer des fouilles des bassins du port par les plongeurs de la gendarmerie maritime.


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