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à priori.

                   Il apprend ainsi des voisins qu'elle ne sortait qu'assez peu, elle se faisait livrer ses courses
            par la supérette du coin , le coursier déposait le sac sur le pas de sa porte et repartait - il n'entrait
            jamais. Elle était visiblement méfiante.
                   Elle était semble-t-il, loin d'être dans le besoin et  était propriétaire de ce logement de
            standing. Elle n'aurait ni enfant ni famille proche dans le secteur. Ces premières observations
            laissèrent l'inspecteur pensif.

                   Le serrurier peu habitué à forcer des portes blindées, mettait du temps et était même reparti à
            sa boutique chercher un outil particulier pour ne pas  « tout massacrer » selon ses dires!

                   En rentrant au commissariat, l'inspecteur s'arrête un instant à la supérette pour interroger le
            gérant sur les habitudes de cette cliente bien mystérieuse en apparence.

                    −  Bonjour, vous êtes le gérant ? demanda -t-il tout en présentant sa carte de police.
                    −  Oui  c'est bien moi, que se passe-t-il demanda le gérant à la fois surpris et méfiant?
                    −  Vous livrez bien une cliente au 32 de l'avenue du manoir ?
                    −  Ah oui effectivement, c'est même une bonne cliente, une vieille dame charmante, ce qui
                       est drôle c'est qu'à son âge elle soit passionnée d'informatique. Elle me commande par
                       Internet et me paie par virement. Remarquez en cette période de pandémie qui n'en finit
                       pas ça devrait être  généralisé ! Avant elle venait au magasin et maintenant elle fait
                       comme ça.
                    −  Elle achète pour une ou deux personnes ?
                    −  Non, juste pour une personne mais bien régulièrement, disons 2 fois pas semaine.

                   Une vieille dame de 88 ans plus familière avec  informatique qu'avec ses voisins les plus
            proches, se connectant et commandant ses courses quotidiennes sur Internet, il pensait avoir tout vu
            mais ça, pas encore; lui qui doit se faire violence pour allumer son ordinateur chaque matin, lire les
            messages de service,  consulter les fichiers de police et taper ses rapports. Un léger malaise l'envahi.

                   Son portable sonna, c'était le serrurier qui venait de terminer. Il pouvait maintenant ouvrir la
            porte mais ne voulait par pénétrer dans l'appartement le premier. Il arriva à l'étage un peu essoufflé,
            il n'appréciait que peu les ascenseurs et avait pris l'escalier. En  deux coups de tourne-visse le
            serrurier ouvrit la porte.

                   Il fait le tour de l'appartement, trouva la décoration et le mobilier bien bourgeois. Lui qui
            n'avait pas acheté un livre depuis plusieurs décennies fut impressionné par la quantité de livres, tous
            bien rangés dans des bibliothèques tant dans le couloir que dans le salon. Il en tira la conclusion
            qu'elle aimait la lecture !
                   Le ménage était fait partout. Aucune trace de lutte n'était visible.
                   Dans la chambre visiblement utilisée par la dame, il ouvrit un secrétaire  Louis XV  en
            merisier avec des placages de marqueterie qu'il jugea de  grande valeur, il contenait différents
            papiers d'identité mais pas de factures récentes ou les habituels relevés bancaires. Apparemment elle
            avait tout dématérialisé et ne recevait quasiment plus de courriers papier. Etonnant tout de même
            pour une personne de cet âge.
                   Il trouva néanmoins un carnet de chèques et nota soigneusement sur son calepin le nom de la
            banque et le numéro de compte.




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