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Ce qui se passa ensuite n'était plus très clair dans son esprit. Il se revirent plusieurs
fois et finirent pas coucher ensemble. Ce fut Suzanne qui prit l'initiative. Alors qu'il
l'avait invité à dîner, en sortant du restaurant, elle le plaqua contre sa voiture et
l'embrassa.
– Je suis marié, lui dit-il en s'écartant d'elle.
– Je sais, répondit-elle (il lui en avait déjà parlé). Mais est-ce vraiment un
problème ? Sinon, pourquoi es-tu avec moi à cette heure tardive ?
– Je n'ai encore jamais trompé ma femme.
– oui, mais tu en as envie, non ?
– Oui, j'en ai très envie. Mais je ne peux pas.
Il la raccompagna et sans que rien ne soit dit, monta jusqu'à son appartement.
Leur corps s'était trouvé, mais leur âme également. Yves était bavard, et cela était
nouveau pour Suzanne. Son ancien amant était un taiseux et c'est pour cette raison
qu'elle avait rompu. Comment communiquer avec un mur ? Comment construire un
couple si à chaque qu'elle abordait des sujets intimes, il sortait fumer sans répondre ?
Yves disait ce qu'il pensait sans filtre ou presque, il parlait de ses sentiments et de ses
émotions.. Suzanne aimait cet aspect féminin de son amant. Il s'enthousiasmait pour
des paysages, des plantes, des jardins (c'était son métier), des copains (c'était un
homme à copains, des copains pour le vélo, des copains pour le cinéma, des copains
pour sortir le soir).
Il la quitta au milieu de la nuit.
Avant de refermer la porte Suzanne lui demanda comment allait réagir sa femme en le
voyant rentrer si tard.
– Elle a l'habitude, je sors souvent sans elle. Elle n'aime pas mes amis et elle
n'aime pas sortir. Et puis, je te l'ai dit, il n'y a plus rien entre nous. Nous sommes
ensemble parce que nous ne pouvons pas faire autrement. Dès que mon entreprise
aura décollé, je pendrais un appartement.
Il sonnait souvent chez elle le soir après dîner sans prévenir. Elle lui sautait au
coup, son corps cherchant son corps, ses mains cherchant les cheveux de cet homme
qu'elle connaissait à peine. Il la portait jusqu'au lit. Elle se sentait reine, elle se sentait
aimée. Tu es venu, tu es venu ! Lui disait-elle. Elle n'en revenait pas de voir cet homme
si beau, si doux, la désirer autant.
- Je n'ai pensé qu'à toi depuis la dernière fois, lui murmurait-il, je me demande
souvent ce que tu es en train de faire, avec qui tu parles … Il la regardait dans le yeux,
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