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Laurence se leva, marquant ainsi sa détermination. Marianne comprit aussitôt et s’éloigna
tristement vers le couloir. Troublée malgré tout par la logorrhée qu’elle venait de subir
stoïquement, Laurence fit lentement le tour de la pièce qui servait à la fois de salle à manger,
de salon et de bureau. Les murs étaient en grande partie couverts d’étagères. Elle tenta de
répertorier à l’œil les chemises de différentes couleurs, anciennes ou récentes, les classeurs
portant des dates. Elle mit de côté tout ce qui paraissait dater de plusieurs années et se
concentra finalement sur trois piles à l’aspect plus neuf. Elle ne toucha pas à la dizaine de
cartons déjà remplis qu’elle entreposa dans un coin, près de la porte, pour faire un peu de
place, se disant qu’il valait mieux commencer par ce qui était visible.
Elle y passa la journée. Fatiguée et affamée, elle prit congé de Marianne qui lui proposa
aussitôt de dîner avec elle le soir-même. Elle ne put faire autrement qu’accepter.
Elle passa le sas de sécurité de l’Institut grâce au badge que Gabriel Lambert lui avait confié
le matin et se dirigea vers la bibliothèque de l’Institut. Peut-être pourrait-elle glaner quelques
renseignements auprès de Khaled, le bibliothécaire. Elle ouvrit la porte sur une grande salle
lumineuse et silencieuse. Deux personnes, penchées sur leur ordinateur, ne l’entendirent pas
entrer et restèrent concentrées sur leur écran. Elle aperçut le bibliothécaire, assis dans un
bureau vitré, attenant à la grande salle.
Il leva les yeux vers elle et se leva aussitôt, l’œil interrogateur.
- Mahraba ! Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ?
- Bonjour ! Je suis de passage à Amman et je m’intéresse à Petra. Pourrais-je consulter
les documents que vous avez ?
Afin de crédibiliser sa demande, elle tint en évidence le badge qu’elle portait autour du cou et
le regarda avec attention. Il avait pâli, elle en était sûre. Fébrile, il quitta son bureau tout en
l’assurant qu’il allait lui fournir immédiatement tous les documents nécessaires.
Au cours des conversations préparatoires à son voyage, Thomas avait évoqué longuement le
comportement bizarre, voire suspect, de Khaled. Peu enclin à se mêler au groupe des
chercheurs, mais curieux de leurs travaux, il suivait assidûment les conférences organisées par
l’IFRA. Conférences qui rendaient compte, de façon fragmentée bien sûr, de l’état des
recherches de chacun. Professionnellement irréprochable il provoquait malgré lui une sorte
d’antipathie générale. Elle remarqua le tapis de prière posé sur le dossier de son fauteuil. Il
priait donc dans son bureau. Etait-il seulement un croyant pratiquant ou bien un potentiel
islamiste ? Son imagination lui jouait sans doute des tours.
Elle ne put s’empêcher de penser à ce que Marianne venait de lui raconter. Cette rencontre
soit- disant fortuite entre Khaled et Heinrich Steiner était-elle une simple coïncidence ?
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