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prochaine d’une monographie, sur laquelle j’ai d’ailleurs déjà bien avancé. Il devait
                      me faire parvenir  ses  derniers travaux  que j’aurais dû recevoir déjà la semaine

                      dernière. Il n’est pas très à l’aise avec l’informatique et préfère de loin les documents
                      papier. Je sais bien que la Poste n’est pas totalement fiable en Jordanie, mais tout de

                      même. Je crains surtout que Charles ait été empêché d’une manière ou d’une autre de

                      me les envoyer ou qu’il ait tout simplement oublié. C’est possible aussi. J’ai eu un
                      faux espoir cet  après-midi quand vous avez frappé à ma porte.  Je comptais passer

                      quelques jours à Amman la semaine prochaine  pour voir  Marianne,  la femme de
                      Charles,  qui doit être totalement bouleversée. J’en aurais  évidemment profité pour

                      l’aider  à classer les documents sur lesquels  son mari  travaillait,  mais ce stupide
                      accident me cloue à Paris. Marianne est en ce moment à Amman, dans l’appartement

                      qu’ils louent depuis des années près de l’IFRA (Institut Français d’Archéologie), et

                      c’est là qu’il garde tous ses documents. Vous me voyez venir, je suppose. Voulez-vous
                      m’aider ? Me servir d’émissaire ? Je vous offre l’occasion de passer quelques jours en

                      Jordanie. Qu’en dites-vous ?

               L’atterrissage en douceur et la chaleur sèche lui firent l’effet d’un baume, l’enveloppant tout
               entière.  L’aéroport  Queen Alia  flambant neuf avait été inauguré en mars 2013 par le roi

               Abdallah II. L’architecte avait vu les choses en grand, semblait-il. Laurence fit la queue un
               moment  pour obtenir son visa de tourisme et se dirigea  ensuite  vers la sortie, empruntant

               l’escalator qui descendait au grand hall d’arrivée.
               Le chauffeur de l’IFRA  l’attendait, muni d’une pancarte portant son nom :  Laurence

               Fournier.  Tirant sa valise, elle se laissa  guider jusqu’à la voiture.  On était en juin et la

               température extérieure était tout bonnement délicieuse.
               Pendant le trajet de l’aéroport  au centre  d’Amman, elle  se remémora  les  curieuses

               circonstances de son départ, les conversations qu’elle avait eu avec Thomas Le Grand et les
               directives précises qu’il lui avait données, après qu’elle eut finalement accepté de partir à sa

               place. Elle n’avait pas beaucoup hésité  à vrai dire, Thomas avait  été plutôt convaincant  et
               surtout, elle mourait d’envie d’une escapade en Jordanie.  Elle avait aussitôt contacté sa

               remplaçante habituelle et préparé ses bagages.

               Il  avait  été très clair : elle  devait retrouver,  parmi les  nombreux  documents de Charles
               Fouchet, un dossier qui portait le nom : Code Jordan. Thomas avait ensuite appelé Marianne

               Fouchet pour la prévenir de l’arrivée de Laurence, lui demandant l’autorisation de la laisser

               chercher les précieux documents et celle-ci avait accepté de bon cœur. Il lui avait également





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