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l’extrémité du site de Petra. Vous connaissez Petra ? Non ? Ah, si un jour vous avez
l’intention d’aller faire un peu de plongée sous-marine à Aqaba, qui est un endroit
exceptionnel, il faut absolument y aller ! Je sais que vous ne prenez pas beaucoup de
vacances avec tous les patients qui vous réclament, mais honnêtement, vous devriez.
Son téléphone vibra. C’était Thomas.
- Il vous demande, dit-elle, le sourcil droit en point d’interrogation.
- Vous venez demain, n’est-ce pas ?
- Oui, à demain Thérèse, ne vous fatiguez pas.
Quelques minutes plus tard, elle frappait à nouveau à la porte gauche du 4 ème étage, qui était
entrouverte. Thomas se tenait dans l’embrasure de la porte du salon. Grand et sec, une allure
juvénile et une silhouette qui évoquaient l’exercice et la vie au grand air. Plutôt séduisant, se
dit-elle, in petto. Il se tenait au chambranle de la porte, sur une jambe, maintenant solidement
son appui sur les deux béquilles.
- Décidément, vous êtes indispensable on dirait ! Venez donc vous asseoir. Je peux vous
appeler Laurence ? Voilà ! j’ai vraiment besoin de vous !
Constatant le regard interloqué et le sourire en coin de l’infirmière, il se calma soudain, se
cala tant bien que mal dans un fauteuil et posa ses béquilles.
- Mille pardons, vous devez me prendre pour un fou et vous avez raison. Je tourne en
rond depuis trois semaines dans cet appartement et j’ai tant de choses à faire !
- Ah bon ? Et si vous commenciez par le commencement ? Que j’y comprenne quelque
chose. Ce serait plus simple non ? Je vous accorde un quart d’heure et ensuite je m’en
vais. J’ai passé une nuit blanche à compter les seringues, alors je vous écoute.
Abasourdi, il la regarda fixement pendant quelques secondes, incapable de répondre. Elle lui
avait cloué le bec et du coup il revenait à la réalité. Il avait totalement manqué d’éducation, ne
pensant qu’à son petit monde, troublé par la mort de son collègue. Elle avait raison. Chaque
chose en son temps. De toutes façons, ce n’était pas avec ce genre de méthode que son projet
allait aboutir.
- Je vous prie de m’excuser Laurence, je suis un peu sur les nerfs en ce moment, mais
vous avez raison, ça n’excuse pas mes mauvaises manières. Pardonnez-moi. J’ai
appris le décès soudain de mon ami Charles Fouchet, il y a deux semaines.
- Oui, je sais, votre sœur vient de m’en parler. Je suis désolée.
- Merci, c’est très gentil. Il va beaucoup me manquer. Nous travaillions ensemble
depuis plusieurs années à Petra, et particulièrement sur le Qasr al Bint. Charles
m’avait chargé de mettre en forme nos recherches communes pour la publication
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