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demandé instamment de ne pas le contacter. Il aurait de ses nouvelles par Gabriel Lambert, le
               directeur de l’IFRA.

               Pour l’instant,  Laurence  savourait le dépaysement.  Le  balancement des  palmiers  dans la
               lumière dorée des réverbères, la  gravité du chauffeur  à  grosse moustache noire, prudent et

               discret, les petites gargotes illuminées de guirlandes multicolores le long de l’autoroute.

               Il allait la déposer à l’IFRA  où  elle logerait dans une chambre d’étudiant. Thomas s’était
               occupé de tout et lui avait même donné des dinars jordaniens pour ses frais.

               Il était près de 21h lorsqu’ils s’arrêtèrent devant l’Institut. Gabriel Lambert l’attendait dans
               son bureau. Après les salutations d’usage, il la guida jusqu’à sa chambre lui promettant de la

               faire accompagner le lendemain chez Marianne Fouchet.
               Prête de bonne heure, elle fit le tour de l’établissement, traversa le jardin intérieur embaumé

               de jasmin, remarqua l’important dispositif de sécurité autour du bâtiment,  puis rejoignit le

               bureau du directeur qui l’attendait avec un café. Il la présenta aussitôt à un Jordanien de belle
               taille prénommé  Ghazi,  qui faisait office de  factotum. Petites lunettes fines, moustache et

               grand sourire. Il comprenait parfaitement le français et semblait heureux de lui rendre service.

               Tout en bavardant, ils firent à pied le court trajet les séparant du domicile de Marianne
               Fouchet. Il la laissa à la grille après avoir sonné. Marianne, petite femme un peu ronde aux

               cheveux  gris ramenés  en chignon,  lui ouvrit avec un pauvre sourire et  la précéda jusqu’à
                                  er
               l’appartement du 1   étage,  où une dizaine de cartons s’entassaient  déjà  dans un désordre
               impressionnant.  Comment allait-elle bien pouvoir trouver  le  fichu dossier au milieu de ce
               capharnaüm ?

               Marianne la fit aussitôt asseoir sur un canapé encombré, avant d’aller préparer un café dans la

               petite cuisine.  Elle semblait fébrile et déboussolée, laissant échapper des souvenirs et des
               anecdotes personnelles  sans se soucier d’être  entendue, toute  à son chagrin.  De son côté,

               Laurence l’écoutait sans l’entendre,  inspectant les étagères  et les piles  de documents  qui
               s’accumulaient à même le sol. Il fallait qu’elle se mette sans tarder au travail. Elle n’avait que

               trois jours pour mettre la main sur le dossier Code Jordan. Le parfum du café à la cardamome
               envahit  soudain  l’espace et elle oublia un instant le but de sa présence. Marianne posa le

               plateau sur la table basse et lui offrit une tasse. Elles savourèrent en  silence le breuvage

               parfumé.
                   -  Alors, que voulez-vous savoir ? demanda Marianne en l’observant avec gentillesse.

                   -  En fait, Thomas Le Grand m’a chargée de récupérer un dossier qui doit lui permettre

                      de finaliser ses recherches. Il travaillait avec votre mari sur un des sites de Petra, le
                      Qasr al Bint. Je sais simplement que le dossier s’appelle Code Jordan. Savez-vous si



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