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votre mari l’a posté ou envoyé d’une quelconque manière à Thomas ? Je crois que
                      c’est important. Bien sûr, je  comprends votre désarroi et suis désolée de vous

                      importuner dans un  moment pareil, Thomas aurait souhaité venir lui-même
                      évidemment, mais, comme vous le savez, il est incapable de faire le voyage.

                   -  Oui, je sais. Mais je ne vois vraiment pas de quel dossier vous parlez.  Charles  me

                      tenait au courant de ses recherches bien entendu, mais n’entrait jamais dans les détails.
                      C’était un homme discret,  vous savez. Discret  et très apprécié de la  communauté

                      scientifique à Amman.  D’ailleurs,  j’ai eu énormément de visites depuis son décès.
                      Heinrich Steiner  il  y a trois jours, par exemple.    C’est un archéologue allemand

                      installé à Amman depuis  des années  et  qui s’intéresse  de près  aux  travaux  de mon
                      mari. Vous savez que les archéologues  gardent jalousement les résultats de leurs

                      recherches. Une fois que les résultats sont publiés, ils appartiennent à tout le monde en

                      quelque sorte.  Certains préfèrent  même  ne  pas publier. C’est  curieux, mais c’est
                      comme ça. Et puis Khaled, le bibliothécaire de l’IFRA, est passé aussi. Mais au fait,

                      ils ont dû se croiser dans l’escalier,  ce jour-là. Khaled  paraissait très touché par la

                      disparition de mon mari. J’ai été  plutôt  étonnée qu’il vienne  jusqu’ici pour me
                      présenter ses condoléances. C’est un garçon très introverti, vous savez, qui ne se lie

                      pas facilement. D’ailleurs, certains chercheurs de l’IFRA se plaignent un peu de lui et
                      ne l’apprécient guère, le pauvre. Il est resté un bon moment finalement. Bien entendu,

                      je lui ai offert un café et  je suis  même allée chercher du sucre chez la voisine du
                      dessous. Je n’en prends pas, vous comprenez. Du sucre, je veux dire. Nous avons bien

                      sûr parlé de Charles. Et…

                   -  S’il vous plaît Marianne, coupa Laurence, désespérée par le débit ininterrompu de son
                      hôtesse, pourrais-je jeter un œil sur tous ces documents et voir si je mets la main sur le

                      dossier qui intéresse Thomas ? Je n’ai pas beaucoup de temps, comme vous le savez
                      sans doute, je reprends l’avion pour Paris à la fin de la semaine.

                   -  Mais bien sûr, je vous en prie. J’arrête de vous embêter avec mes histoires. Allez-y,
                      faites comme chez vous. Je vais continuer mon rangement dans la pièce d’à côté. Je

                      vais quitter cet appartement dès  que possible.  Je n’ai plus de raisons  de le garder

                      malheureusement. Ah, j’oubliais, il m’a semblé qu’il manquait des plans et des dessins
                      concernant Petra. Ils étaient dans une pochette plastique transparente. J’aurais juré les

                      avoir vus il y une semaine, mais impossible de remettre la main dessus. Et puis après

                      j’ai oublié. J’ai commencé  à remplir  les cartons  pour me vider la tête, vous
                      comprenez ? Il faut dire que j’ai…



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