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-Eh oui, convint Martine, lire les lignes de la main est un art que je pratique maintenant depuis
assez longtemps. Chaque jour on progresse, chaque jour on apprend à mieux connaître ce
que veulent dire les mains. Chaque patient est un cas particulier, une énigme que j’ai à chaque
fois le devoir de déchiffrer.
Ayant dit cela elle jeta un coup d’œil sur la pièce dans laquelle elle se trouvait .Aux murs il y
avait des peintures représentant des paysages et aussi de nombreuses photos. Sur certaines on
voyait des militaires torse nu, casqués et souriants. Sur d’autres il lui sembla qu’on pouvait
distinguer des rizières. A coup sûr l’homme qu’elle avait devant elle, était allé en Asie. Elle
décida de se lancer.
-Donnez- moi votre main droite, dit-elle, que je vois un peu votre avenir.
Elle regarda longuement cette main qu’il lui tendait. Elle parut très intéressée.
-Je vois pour vous un voyage, un voyage en terre lointaine, annonça-t-elle très sûre d’elle-
même.
-Avec ma patte dans le plâtre ? Ça m’étonnerait !
-Je ne vous ai pas dit que ce serait pour demain, mais sans doute dans quelques mois.
-Et ce voyage serait dans quelle partie du monde ? voulut savoir le vieil homme.
-Peut-être en Afrique, ou plutôt non, en Asie. Oui, c’est cela, en Asie, rectifia Martine.
-En Asie ? Je ne serais pas contre. Ce serait même super chouette si je pouvais retrouver
l’Indochine de ma jeunesse.
Elle sembla ne pas comprendre exactement de quel pays il parlait. Il précisa :
-De mon temps on parlait d’Indochine, aujourd’hui on dit Viêtnam.
-Vous connaissez ?
-Et comment ! C’est un pays merveilleux surtout le nord, avec ses paysages à couper le
souffle et ses filles ravissantes à damner tout homme normalement constitué. Un territoire à la
fois envoutant et terriblement mystérieux. Le seul ennui c’est que, de mon temps, c’était un
pays en guerre. J’ai beaucoup crapahuté dans le delta et au Tonkin. J’y suis resté plusieurs
mois jusqu’à ma blessure et mon rapatriement. J’imagine que le nom de Dien Bien Phu ne
vous dit rien ?
Elle ne put que confirmer.
- C’est normal, c’est si loin tout ça et vous êtes si jeune.
-Vous étiez soldat, là-bas ? demanda-t-elle.
-Hélas oui, j’y ai beaucoup de souvenirs heureux et d’autres qui le sont moins. J’y ai laissé
bon nombre de copains. Mais j’aimerais bien retourner là où j’ai traîné mes bottes. Savoir