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forme pour bientôt voyager à nouveau. Vous avez encore de beaux jours devant vous. Il
faudra en profiter, cher Monsieur.
- Si c’est vrai, il faudra que je le dise à mon toubib, ce jeune prétentieux auréolé de ses titres.
Il sera très heureux de savoir que pour une fois il avait vu juste et qu’il ne s’était pas planté
dans son diagnostique. Parti comme c’est parti, grâce à lui et à ses bons soins je ne vais
pas manquer de mourir en bonne santé !
Elle ne trouva rien à ajouter à ces derniers propos.
-Et que voyez-vous encore ? demanda-t-il.
-Je vois que si, pour achever de me réveiller, j’ai droit à une deuxième tasse de café, je serai
la plus heureuse des chiromanciennes.
Le visage du vieux monsieur s’éclaira et d’une voix douce il annonça :
- Vous êtes, chère enfant, une délicieuse petite menteuse. Vous m’avez fait du bien avec vos
prédictions, même si tout ce que vous m’avez dit est pure invention de votre part. Car vous
n’êtes pas plus chiromancienne que je ne suis évêque .Mais vous l’avez fait avec tant de
gentillesse et de charme que je vous en remercie. Vous êtes adorable. J’ai passé un très
agréable moment
-Comment avez-vous devinez ?
-C’est très simple. En fait, j’attendais le plombier et lorsque j’ai entendu la porte s’ouvrir, j’ai
cru que c’était lui. Mais quand je vous ai vue, j’ai compris qu’il y avait méprise. Surtout que
je vous ai tout de suite reconnue pour vous avoir souvent croisée dans l’escalier. Je sais qu’en
règle générale vous allez chez le voisin du cinquième pour des soins dont il a grand besoin.
J’en ai déduit que vous vous étiez trompée d’étage. Alors j’ai inventé, je ne sais pourquoi,
sans doute par curiosité, par jeu, par défi, pour rompre la monotonie du quotidien une
certaine madame Rose, cartomancienne, dont vous seriez la collaboratrice venue jusqu’à moi
pour me lire les lignes de la main. Le mensonge était vraiment énorme et pourtant vous êtes
entrée dans mon jeu ! J’étais assez curieux de voir comment vous alliez vous tirer de cette
situation. Et j’ai vu. Eh bien félicitations ! Je dois dire que vous vous êtes très bien
débrouillée. Vous avez une imagination débordante. Bravo, mon petit ! Si un jour vous
quittez votre métier d’infirmière, vous avez, croyez-moi, toutes vos chances comme
chiromancienne, car vous êtes très convaincante. Permettez-moi donc de vous souhaiter dès
aujourd’hui de réussir dans ce nouvel emploi, si tel est un jour votre désir. Et j’ajoute pour
être totalement franc avec vous, mais cela vous l’aurez déjà compris, que je ne connais bien
entendu aucune Madame Rose, diseuse de bonne aventure et que je ne me suis jamais fait
tirer les cartes !!!