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Je lui ai offert les sucres et la chaleur de mon corps avant de l’allonger sur le ventre.
L’immense miroir que j’avais fait suspendre au plafond lui renvoyait l’image de ma chevelure
blonde qui ondulaient comme une grande marée à Saint Guénolé. Ce ne fut pas la seule vague
de la soirée. Lorsqu’il est reparti au petit matin, pour regagner le domicile de ses parents, j’ai
compris que je venais de vivre à trente et un ans, ma plus belle et certainement ma dernière
histoire d’amour.
- Que votre histoire est émouvante Denise, j’en ai les larmes aux yeux. Mais que vous est-il
arrivé aujourd’hui ?
- Pas grand-chose Jacqueline, presque le quotidien. Une simple erreur, celle d’un autre
vagabond trop imbibé pour faire la différence entre une femme et Denise Kerfaou.
Quotidien Le Télégramme, Juillet 2007:
Le voile se lève enfin sur le mystérieux passé de Denise Kerfaou. Cette sans domicile fixe de
soixante-six ans vivait depuis près de quinze ans dans la rue. A Paris tout d’abord, sur un
trottoir de la rue Linois, dans le XVème arrondissement de Paris, puis à Beg-Meil ou elle été
revenue depuis quelques temps. Elle a été retrouvée presque inconsciente dans un jardin
public, le visage tuméfié. Des agents de la brigade d'assistance aux personnes sans abri ont
découvert qu’elle cachait sur elle un véritable trésor en espèces sonnantes et trébuchantes dans
le fatras qui l'entourait. Ils ont fini l'inventaire des innombrables pièces et petites coupures, et
c'est en fait 68 493,80€ que Denise était parvenue à thésauriser. Elle n'a voulu donner aucune
explication précise sur l'origine de son pactole, d'autant plus mystérieux que les habitants du
quartier qui se hasardaient à lui faire l'aumône se faisaient la plupart du temps repousser sans
ménagement…