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               - Comment vous appelez-vous exactement ?

               - Tous les copains me surnomment « la vagabonde », mais mon vrai nom c’est Denise, Denise

               Kerfaou, fille de grande lignée bretonne, et libre comme le vent de Nordet.


               - Pendant que je vous soigne Madame Kerfaou, pouvez-vous m’en dire un peu plus sur vous

               et sur les raisons de toutes ces blessures ?

               - Vous devez être une très gentille infirmière, vous venez même de ramasser mon bonnet de

               laine. Tant que ce n’est pas mon bas de laine… Alors rien que pour cela, je vais vous raconter
               brièvement l’histoire de ma vie.

               Depuis ma majorité, j’ai décidé de parcourir le vaste monde. C’est vrai, ça voyage pas mal les

               bretons. Et les bretonnes, ça court, ça vole. Ministres ou pas, on en trouve dans tous les coins
               du monde, et moi, courir le monde, ça me va bien.


               Je suis certaine que vous seriez étonné de savoir à quoi je ressemblais quand j’avais vingt ans,

               et sans ecchymose… Imagine-moi, j’ai vingt trois ans, plutôt une bonne bouille, une belle
               gueule comme certains rustres bretons se plaisaient à le répéter depuis ma plus tendre

               jeunesse. Des cheveux blonds et soyeux, coupés au carré, un petit minois aux contours
               réguliers, un sourire discret de fille de bonne famille. Bref un look à embrouiller une escouade

               de mormons et vous faire prendre des vessies pour des lanternes. J’ai toujours aimé

               embrouiller la vérité. Trois choses ont pu m’ouvrir bien des portes:


               Mes yeux; c’était mon assurance tous risques, mon permis de draguer, mon passeport pour la
               grande aventure. Des yeux à faire chavirer l’Amoco Cadix sur les brisants d’Ouessan, des

               yeux d’un bleu aussi mystérieux qu’une légende de chez nous et aussi profond qu’un océan
               dans lequel tu peux plonger sans la moindre retenue.


               Mes fesses; belles, petites et rondes, soyeuses comme un pashmina tibétain. Fines et fermes,

               d’un galbe presque parfait, fraîches comme un doux matin d’octobre sur la plage de La
               Torche.


               Mes seins ; aux tétons, presque couleur « fraises Tagada ». Tellement durs et souples à la fois

               que tu as presque envie d’y mordre avec deux dents. Mes seins sont par bonheur toujours
               vierges d’allaitements parasitaires. Vous le savez vous, et bien mieux que d’autres vu votre

               métier, les succions à répétitions transforment à la vitesse d’un Paris-Brest, la poitrine en

               gants de toilettes ou pire, en une paire de gants Mappa aux tétines délavées.
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