Page 222 - tmp
P. 222
« Oui, car en voyant ton chef vendredi soir, j’ai eu envie de
l’étrangler, je voulais comme toi que le chiffre treize l’étouffe, qu’il
meure, car je ne supportais plus que tu ne dormes pas la nuit et que
tu ne me fasses plus l’amour ».
L’enquête dura longtemps. La police cherchait le cou-
pable dans la rédaction, à l’exception des deux femmes, incapables
physiquement de porter le coup de couteau mortel. Le mobile était
tout trouvé : l’assassin voulait éliminer celui qui risquait de détruire
le journal en maltraitant ceux qui le faisaient. Ces soupçons auraient
pu détériorer l’ambiance au journal, il n’en était rien. Curieusement,
à l’intérieur de l’équipe, personne ne soupçonnait personne, seule
comptait la sortie du quotidien.
Jusqu’au jour où le même inspecteur demanda à Irène
qui, dans le nouveau contexte, faisait office de rédactrice en chef,
d’organiser une réunion identique à celle tenue le jour de la décou-
verte du crime. Celle-ci commença dans un silence pesant, personne
n’osant regarder son ou sa voisine. « Détendez-vous, furent
d’ailleurs les premiers mots du policier. Je vous ai réuni pour vous
présenter les excuses de la police. Nous avons trouvé l’assassin, il
n’est pas parmi vous. » Il était trop tôt pour qu’un quelconque sen-
timent puisse se manifester, à l’exception de quelques soupirs dis-
crets, et l’inspecteur reprit : « Le coupable est l’amant de la femme
de votre ancien patron. Il est passé aux aveux dans la nuit. Il con-
voitait non seulement la femme mais aussi la place de son rival et,
cerise sur le gâteau, il voulait faire porter le chapeau à l’un d’entre
vous. »
6