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L’inspecteur reprit la parole : « Nous avons étudié l’agenda
de votre patron, il avait rendez-vous avec vous, ici même, à 9
heures, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Pour l’instant, vous
pouvez rentrer chez vous tout en restant, bien sûr, à la disposition de
la police ; je vous convoquerai les uns après les autres ». Le soir
même, l’équipe apprenait que la mort remontait à la veille, entre 22
heures et minuit, ce qui laissait supposer que la victime avait rejoint
son bureau en sortant de la soirée. Nous étions encore le vendredi
13 et Gabriel ne put s’empêcher de penser que le mort, lui, aurait eu
toutes les raisons d’être superstitieux. « Sauf que dans l’histoire de
la Cène, ce n’est pas Judas qui meurt. »
Le lendemain en fin d’après midi, l’inspecteur Gandier
s’était présenté chez Emma et Gabriel. Il était au courant de la soi-
rée passée chez eux et en connaissait la raison. Sans citer sa source,
il la résuma ainsi : se mettre d’accord face à un management diffi-
cile. Le policier savait que le rédacteur en chef s’était invité et qu’il
était reparti précipitamment, après avoir convoqué tout le monde le
lundi suivant. « Je sais même, madame, que vous avez fait remar-
quer qu’à cause de lui vous aviez été treize à table, lui servant
même la treizième saucisse qui vous restait. Tout cela en sachant
que, dans l’inconscient collectif, le chiffre treize porte malheur ».
Un peu pâle, Emma s’était enquise : « Et cela fait de moi une cou-
pable ? » « Ni plus ni moins que les autres, chère madame ».
L’inspecteur était reparti en promettant à Gabriel un prochain ren-
dez-vous.
De nouveau seuls, le mari s’était tourné vers sa femme
pour s’étonner de son trouble : « Tu t’es sentie visée ? » Emma ne
répondit pas tout de suite, puis s’approchant tendrement de Gabriel :
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