Page 214 - tmp
P. 214
*
Elle repartit chez elle en faisant un détour au parc. Elle s’assit sur un banc au milieu des
pigeons et elle les fit s’envoler en un balayement de mains. Elle ouvrit son cartable et en sortit
un livre s’intitulant : « Un ours entre la vie et la mort ». Elle resta jusqu’à tard pour pouvoir
finir son livre. En effet, quand elle plongeait dans un roman, on pouvait toujours essayer de
l’en tirer, mais sans succès !
En lisant, elle arrivait à faire de drôles de choses. À ce moment-là par exemple, elle lisait et
pensait en même temps. Qui eut cru que ce fut possible ?
Toujours est-il qu’elle réfléchissait à l’école. Oui, l’école avec qui elle avait passé plusieurs
années à étudier. Oui, l’école qui l’avait punie mais qui l’avait aussi félicitée. Oui, cette même
école, qui l’avait rejetée car elle n’était pas assez grande (soi-disant) pour apprendre. Même si
elle en était exclue, au fond d’elle-même, elle ressentait une pointe d’amour pour cette école.
Elle lui avait permis de pouvoir se faire des ami(e)s, d’apprendre à compter, puis à écrire, à
lire… Toutes ces choses-là resteraient à jamais gravées dans son cœur.
Mais elle ressentait aussi beaucoup de colère. Pourquoi donc le gouvernement voulait-il
interdire aux jeunes enfants de pouvoir s’instruire ? Cette question la mettait dans une rage
folle.
Et après, ils vont nous interdire d’aller à la bibliothèque ! ironisa-t-elle.
Tout à coup, elle tourna la dernière page et finit son livre !! Elle lisait tellement vite qu’elle
avait réussi à le terminer en seulement deux heures. Quel exploit ! Par contre, sa mère devait
être en train de se ronger les ongles en s’inquiétant car sa fille n’était toujours pas revenue.
En effet, même si elle avait eu école, elle était censée être rentrée trente minutes plus tôt. Mais
elle avait quand même envie de rester ; elle voulait encore respirer l’air frais, elle voulait
sentir l’odeur des fleurs, elle voulait rester parmi la nature : les abeilles qui butinent, les
mésanges qui volent en tous sens, les papillons qui lui tournent autour…
Elle savait qu’elle était pratiquement la seule qui venait dans ce parc. Personne ne venait pour
s’amuser. Toute la ville pensait que ce square était hanté par des animaux fantômes, donc elle
2