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connaissance des lieux me guide à bon port, par de petites rues. Un parking juste
devant le salon de coiffure. Oh, que ça fait du bien de poser les pieds sur l’asphalte !
J’étire mon dos tout endolori. L’air pique un peu. Je me sens vivante. Un café ouvert.
Je m’installe vue sur l’extérieur. Coup d’œil aux nouvelles d’un journal. Je capte les
titres, c’est tout : Simone Veil nommée au Conseil Constitutionnel, le Monica Gate, la
Coupe du monde de foot chez nous, dans quelques semaines. Le café a un peu
tiédi. Bien comme je l’aime. Ah, que c’est bon !
Un bruit de moteur.
« Non ! Encore lui ! »
Le 4 X 4, c’est bien lui. J’avais relevé son numéro de plaque. Le parking est vide,
mais il vient se garer tout près de la Golf, le nez vers le salon. Un quart d’heure
passe, rien ne bouge.
8 h 22, la portière s’ouvre. S’extrait lentement un quadragénaire, à l’air quelconque.
Hébété, chancelant, le regard sombre. Ses clefs tombent. Il les ramasse, les glisse
dans un sac à dos. Il souffle. Un temps d’arrêt devant la Golf, mais c’est comme s’il
ne la voyait pas.
« Quoi ? »
L’homme se dirige vers le salon de coiffure. D’une poche intérieure il sort une
nouvelle clef, ouvre la porte, se frotte les yeux, allume. Par la vitrine, je le vois
disparaître derrière un comptoir. Il réapparaît, pose des serviettes, s’affaire à
disposer des instruments. C’est mon coiffeur !
« Bonjour, installez-vous. Merci d’être ponctuelle. Vos cheveux ne sont pas longs.
Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »
« Pouvez-vous simplement rafraîchir ma coupe ? Ce sera très bien. »
« Que diriez-vous d’un petit effilage au rasoir ? »
Les doigts du coiffeur jouent avec un coupe choux de barbier, à l’ancienne. Lame
incurvée, brillante, lissée au cuir d’affutage. Manche en bois d’olivier.
« Bonjour ! Finalement, vous êtes ouvert ? »
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