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nuit. Je me projette mentalement sur la rencontre prévue demain. Un potentiel gros
client. Allez, ça va le faire !
« Qu’est-ce qu’il a celui-là ? »
Loin derrière, sur une ligne droite, un véhicule m’envoie du plein phare. Pas grave.
J’actionne brièvement mon feu de brouillard arrière. Deux secondes, puis je l’éteins
aussitôt. Juste pour lui signaler qu’il me gêne.
Rien. Pas de réaction. Il continue de m’éblouir, ce fâcheux. Je baisse mon
rétroviseur. Et je ralentis pour récupérer visuellement. C’est malin…
Il me double. C’est un gros 4 X 4 noir. Il se rabat sur la file de droite, là devant moi.
Et freine aussitôt. Lumière rouge. Tueuse ! Je freine aussi, puis je réduis au minimum
ma vitesse, me calant sur la sienne.
« Qu’est-ce qu’il me veut ? »
J’ai la boule au ventre. Mes muscles se tendent. Je suis en apnée. Il poursuit sa
route uniformément à 40 km/h. Drôle de situation. Coup de chance. Une bretelle de
sortie. Il l’a dépassée. Je ne demande pas mon reste. Je quitte gentiment la voie
rapide et je me gare au premier dégagement disponible. Ouf ! J’allonge mon siège.
Je ferme les yeux. Je ne pense plus à rien. Je respire avec peine. Mon plexus est
bloqué. Respiration ventrale. Je retrouve peu à peu de l’amplitude thoracique. Ah, ça
va un peu mieux.
Je m’en prends intérieurement à Klakenn :
- Pourquoi m‘as-tu poussée à attirer l’attention sur nous ? Tu n’en rates pas
une, toi !
- Tu ne pouvais pas laisser passer ça !
- Quand tu me cries dessus comme tout à l’heure, je ne suis plus moi-même. Je
reçois comme une décharge électrique, je sursaute et je réagis de manière
impulsive. Je ne supporte pas !
- Allons, tu exagères ! Tu t’en sors très bien à chaque fois. Et tu le sais ! C’est
juste un prétexte pour t’en prendre à la pauvre Klakenn, qui est là pour te
sauver la mise.
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