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- Rappelle-toi la fois où un autre abruti me collait au train, alors que je doublais
à la vitesse autorisée. Avec ses appels de phares, il me sommait d’accélérer.
- Eh bien ?
- Souviens-toi. Que s’est-il s’est passé ?
- Oui, tu as eu un geste de la main, poussant vers le haut, pour lui montrer qu’il
montait dans les tours. Pas mal, d’ailleurs ! Tu l’as bien chambré…
- Pas mal, c’est tout ce que tu sais dire. Sauf qu’en se rabattant il est parti en
vrille. Nous avons frôlé le pire !
- C’est affreux. N’est-ce pas Votre Altesse ?
- Bon, laisse-moi, s’il te plaît.
Je redresse mon siège.
Je prendrais bien un café. Allez, encore un quart d’heure. Tranquille. Oh, oui
tranquille.
Doucement, je retrouve la voie express. Allez, on se concentre ! Tiens, tiens…
« Non ! »
Un véhicule est garé tous feux éteints près d’une borne d’arrêt d’urgence. Le temps
s’arrête. Pas d’échappatoire. Ni une ni deux, je pousse la Golf plein pot. C’est bien
mon 4 X 4. Chance, il est au bas d’une côte. J’en profite pour mettre toute la gomme.
Coup d’œil dans le miroir au moment du dépassement. Horreur, il allume ses
phares !
Pas le choix. Je monte encore en vitesse, concentré sur ma trajectoire, bien entre les
lignes. Dans un état second. Le cœur cogne. Je respire mécaniquement
« Tuuuuuut… »
Derrière moi, un gros coup d’avertisseur se prolonge. J’ai pris de l’avance. Je ne vois
plus rien derrière moi. J’imagine que ce gugusse a déboîté brutalement pour me
suivre… Il se fait rappeler à l’ordre. Une hypothèse. Mais je suis tellement en tension
que je poursuis ma course à fond. A la limite de ma capacité de vigilance. Je me fais
violence. Je ne conduis jamais comme ça : 180 km/h. La Golf est stable. La route
défile. Un imprévu et je suis morte ! Cinq minutes. Toujours rien derrière. Je lève le
pied. Sortie Quimper Nord. Je choisis un itinéraire improbable, buissonnier. Ma
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