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jaillissant des sièges juste devant, le rire en cascade de Noémie répondait à une saillie

               brute de décoffrage de Charlotte.


               Stupeur, frisson. Violette resta interdite. « Elles sont donc à portée d’oreille. Et si j’en
               profitais pour écouter en douce ? Je n’aime pas ça, mais ce n’est rien d’autre que de

               l’autodéfense » s’autorisa-t-elle. Elle n’eut pas à patienter.


               « Entre nous, la Violette, elle se la pète, non ? » lança le timbre éraillé de Charlotte.


               Et de surenchérir, encouragée par l’acquiescement trop mou à son goût de Noémie.


               « Ben si. T’as pas compris ? Ces retrouvailles des anciennes de Ste Thérèse, c’est

               une idée de qui ?


               — Je ne sais plus…


               — Qui a lancé l’idée ? C’est la Violette. Pour avoir l’occasion de faire la belle !


               — Tu veux dire pour se mettre en scène ? C’est peut-être pas faux… Je n’avais pas
               vu ça comme ça. Mais tu n’as pas forcément tort. C’est vrai qu’elle porte la robe noire

               du barreau, elle ! Elle tient sa revanche sociale, ni plus ni moins. Et, l’air de pas y

               toucher, elle le laisse transparaître. La fausse modestie bien rodée.


               — Nous  autres,  pour la  plupart,  c’est  du  vrai,  du  modeste  de  chez  modeste. Sauf
               Isabelle et Virginie.


               — Ceci dit, elle ne doit rien à personne, notre chère Violette. Elle est comme nous.

               Issue  d’un  petit  milieu.  Ses  parents  sont  agriculteurs  à  Bissey-sous-Cruchaud.  Ils

               tiennent une petite ferme, avec un peu d’élevage et quelques arpents de vigne. »





                      Un  silence  s’installa.  Bruit  d’eau  bue  à  même  la  bouteille,  suivi  d’un  soupir
               sonore de contentement. C’était Charlotte. Désaltérée, elle se mit à minauder, mimant

               le ton de confidence de Violette :


               « Et toi Charlotte, que deviens-tu ?







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