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Elle soupira et enterra sa tête dans son foulard.


               T’es foutue ma vielle.

               Pour une fois elle se sentait soulagée que le monde ne tourne pas autour d’elle.


               Depuis le début de cette embrouille elle avait seulement pensé au fait qu’elle se ferait
               attraper mais il y a peut-être une chance qu’elle s’en sorte.


               C’est quoi ce que tante Athéna disait ? « Si tu regardes toujours du côté sombre, tu

               ne verras jamais la beauté de la lumière » elle a peut-être raison, peut être que je ne
               me ferai pas coincer, peut-être que personne ne découvrira ce qu’on a fait. Pourquoi

               est-ce que je suis si négative ?

               Plus elle envisageait la possibilité qu’elle puisse être libre, plus son état se calmait. Sa

               respiration et son pouls revinrent à leur vitesse normale.


               Prise d’un espoir et d’une excitation nouvelle, elle attrapa son téléphone et pianota sur
               l’écran tactile. Elle porta son portable à son oreille et le « bip bip » familier de l’attente

               sonna dans ces oreilles. « Oui. », une voix monotone et déprimée résonna à l’appareil.
               « Syndeo, t’as pensé au fait que peut-être personne ne découvrira ce qu’on a fait ?! »

               elle attendit un moment, mais perçut seulement un silence plat au bout de la ligne.


               « Syn ? »

               « Tu t’entends parler ? t’as perdu la tête, bien sûr que quelqu’un va découvrir. » Le

               visage de la jeune femme retomba en une moue paniquée « Mais si - ».

               « Lyssa, non. S’il te plait fais-moi une faveur et ne m’appelle plus, je veux profiter du

               temps qu’il me reste et je te conseille de faire de même. ». Le « bip » qui signifiait que
               Syndeo avait raccroché trancha l’épais silence.


               Je veux profiter du temps qu’il me reste.


               Ces mots résonnèrent dans sa tête et le lourd nuage d’angoisse et de panique refit
               surface dans son esprit.


               Elle a raison. Quelqu’un va découvrir ce qu’on s’était juré ne sortirait jamais du Cantal.

               La réalité la heurta comme un camion en pleine face. Ou plutôt allait la heurter.
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