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N° 35
Paris-Montparnasse-
Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles qu’elle
avait considérées comme ses amies. Un malaise persistait en elle. Ses pensées furent
interrompues par l’arrivée du train. La porte s’ouvrit, elle mit un pied sur la première
marche, leva la tête et s’arrêta brusquement.
Ses pensées fusèrent en un brouillard aveuglant. « Bon, tu bouges là ? ». La voix d’un
homme visiblement impatient parvint à ses oreilles. Elle marmonna un petit « oui, oui »
en soulevant avec difficulté sa grosse valise sur les marches. Elle s’avança dans le
wagon, alternant entre un regard furtif vers son billet tout chiffonné et les numéros en
bronze des sièges. Finalement, elle trouva son emplacement. Numéro 13. Avec
grande peine, elle hissa son bagage dans le compartiment du haut et s’affala sur le
siège poussiéreux.
On se l’était juré.
On ne reparlera plus jamais de ce weekend.
Il restera à jamais enfoui dans le passé. Enseveli de boue, de pierres et de déni.
On se l’était juré.
Elle enfonça ses écouteurs dans ses oreilles et monta le volume de la musique à fond.
Pour bloquer le monde hors de son esprit. Elle pressa ses paupières jusqu’à ce
qu’elles lui fissent mal.
Tout pour oublier. Tout pour oublier. Tout pour oublier.
Elle essaya de se concentrer sur le son de la chanson, essayant de se focaliser sur
les pulsations de son cœur. Mais rien ne pouvait effacer les images, les bruits, les
sentiments… la pression qui pesait dans son esprit devint soudain insupportable. Elle
se recroquevilla en boule sur son siège en contractant chaque muscle de son corps.
La mélodie bourdonnait dans ses oreilles, créant un bruit sourd, si horrible que tout
semblait tambouriner dans son cerveau, ses mains. Ses ongles creusaient des
tranchés profondes dans ses paumes moites. La douleur toutefois ne parvenait pas à
la dévier de ses pensées mortifiantes.

