Page 226 - tmp
P. 226

N° 35
                                                Paris-Montparnasse-





               Elle attendait sur le quai. Elle repensait aux derniers jours passés avec celles qu’elle

               avait considérées comme ses amies. Un malaise persistait en elle. Ses pensées furent
               interrompues par l’arrivée du train. La porte s’ouvrit, elle mit un pied sur la première

               marche, leva la tête et s’arrêta brusquement.


               Ses pensées fusèrent en un brouillard aveuglant. « Bon, tu bouges là ? ». La voix d’un
               homme visiblement impatient parvint à ses oreilles. Elle marmonna un petit « oui, oui »

               en soulevant avec difficulté sa grosse valise sur les marches. Elle s’avança dans le
               wagon, alternant entre un regard furtif vers son billet tout chiffonné et les numéros en

               bronze  des  sièges.  Finalement,  elle  trouva  son  emplacement.  Numéro  13.  Avec
               grande peine, elle hissa son bagage dans le compartiment du haut et s’affala sur le

               siège poussiéreux.


               On se l’était juré.

               On ne reparlera plus jamais de ce weekend.


               Il restera à jamais enfoui dans le passé. Enseveli de boue, de pierres et de déni.


               On se l’était juré.

               Elle enfonça ses écouteurs dans ses oreilles et monta le volume de la musique à fond.

               Pour  bloquer  le  monde  hors  de  son  esprit.  Elle  pressa  ses  paupières  jusqu’à  ce
               qu’elles lui fissent mal.


               Tout pour oublier. Tout pour oublier. Tout pour oublier.

               Elle essaya de se concentrer sur le son de la chanson, essayant de se focaliser sur

               les pulsations de son cœur. Mais rien ne pouvait effacer les images, les bruits, les

               sentiments… la pression qui pesait dans son esprit devint soudain insupportable. Elle
               se recroquevilla en boule sur son siège en contractant chaque muscle de son corps.

               La mélodie bourdonnait dans ses oreilles, créant un bruit sourd, si horrible que tout
               semblait  tambouriner  dans  son  cerveau,  ses  mains.  Ses  ongles  creusaient  des

               tranchés profondes dans ses paumes moites. La douleur toutefois ne parvenait pas à

               la dévier de ses pensées mortifiantes.
   221   222   223   224   225   226   227   228   229   230   231