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Mathilde eu la sensation de vivre la scène au ralenti. Silence de cathédrale. Rame qui tangue.
               Regards curieux braqués sur elle. Déclenchement d’une ola. Mais pourquoi j’ai dit oui ?

               s’entendit-elle se demander. Elle aurait juré que le sourire de Melvin avait désormais quelque
               chose de mauvais. Mathias quant à lui, la détaillait incertain.

                   — Cap’ ou pas cap’… de nous montrer… le contenu de ton sac à main ?

               Le début de la question hérissa les poils de Mathilde mais elle se calma vite. Mon sac ?
                   — Cap’ répondit-elle avant même de réfléchir à ce qu’elle avait pu y glisser.

               Melvin tendit la main, le sourire aux lèvres. Il se délectait déjà des possibilités que lui offrait
               la découverte du contenu d’un sac de fille. Mathilde n’eut pas le temps de lui tendre. Bastien

               avait été plus rapide. Assis en face d’elle, il avait bondi pour l’attraper et le donner à Melvin.

               Traitre ! pensa Mathilde en le dévisageant.
                   — Alors, alors… chantonna-t-il en ouvrant la fermeture éclair.

               Par chance, Mathilde aimait voyager léger. Son sac bandoulière avait une taille raisonnable,
               de celle qui ne permettait pas de mettre toute sa vie de fille à l’intérieur, juste un échantillon.

                   — Poche de devant. Un billet de train. Un baume à lèvres. Un élastique.

               La voix de Melvin perdait de son entrain au fur et à mesure où il sortait les objets.
                   — Ah ! voilà quelque chose d’intéressant ! Le combo carte d’identité, permis de conduire.

                   — Fais tourner qu’on rigole, lança Bastien.
               Mathilde se mordit l’intérieur des joues... La photo d’identité qui ornait son permis lui valait

               les pires railleries des rares personnes qui l’avait vue. Déjà les gars se fendaient la poire. C’est
               sûr, je vais intenter un procès contre mes parents pour non alerte d’utilisation de photo

               humiliante. Je dois juste trouver la juridiction qui a compétence pour délibérer ! enrageait-

               elle.
                   — Attendez les gars, j’ai mieux ! Alors là Mathilde, tu me régales. Un roman de la

                      collection Harlequin ? Mais je ne savais même pas que ça se vendait encore !
               Uppercut dans le plexus. Elle ne l’avait pas vu venir. Personne. Personne ne connaissait sa

               passion pour la lecture de ce type de livre, c’était son jardin ultra secret. Elle couvrit son
               visage de ses deux mains pendant que Melvin lisait le résumé à haute voix dans l’hilarité

               générale.

                   — Alors là Mathilde, tu fais fort, lui tapa dans le dos Bastien, les larmes aux yeux.
                   — Vous ne comprenez rien !

               Alors qu’elle n’avait pas l’intention de se justifier, elle enchaina dans un murmure :

                   — A défaut de vivre une belle histoire d’Amour, je les lis. Au moins, je ne suis jamais
                      déçue.

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