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— Je vais te dire comment je t’ai reconnue. Tu as toujours ce même regard triste. Comme
                      ce même soir des brebis, tu sais, lorsque ce gars a refusé de sortir avec toi parce qu’il

                      avait des vues sur ma cousine. Ta mélancolie m’avait marqué…
               La température corporelle de Mathilde grimpa en flèche à l’évocation de ce souvenir. Elodie,

               toujours Elodie. Comment cette fille pouvait-elle se retrouver toujours au centre de tout ?

                   — Alors, ce regard triste ? Un nouveau problème de mec ? demanda-t-il tendrement en
                      effleurant son épaule contre la sienne, geste anodin qu’il espérait complice.

                   — Non, de filles.
               Comment ce type que je n’ai vu qu’une fois pouvait-il se souvenir encore de cette histoire ?

               Mathilde réfléchissait à toute vitesse. Je me souviens à peine du prénom de ce gars…

                   — Ah. Mince.
               Mathias recula imperceptiblement avant de se gratter une nouvelle fois la tête. Surpris, il ne

               savait pas quoi dire en dehors d’une banalité impersonnelle.
                   — Je suis désolé pour toi.

               Nouveau silence. Honteuse qu’il se souvienne de cette histoire, Mathilde fuyait son regard.



                   Gêné d’avoir eu tout faux tout autant que frustré par cette vérité tranchante, Mathias ne

               savait plus comment mettre fin à la discussion. Pourtant son cœur de romantique pris le pas
               sur son amour propre. Il se savait capable de faire renaître son doux sourire, celui qui l’avait

               fait craquer, même si désormais mademoiselle préférait les filles. Allez, t’es cap’
               s’encouragea-t-il.

                   — Peut-être voudrais-tu te changer les idées en te joignant à nous ? Nous sommes une

                      bande de joyeux drilles un peu bruyante mais plutôt sympa. Viens avec nous !
               Il se leva et lui tendit la main pour l’inciter à accepter sa proposition.

                   — J’avais prévu autre chose, lui répondit-elle d’une petite voix mal assurée en le
                      regardant enfin.

                   — Te morfondre pour une fille qui n’en vaut pas la peine ? Tu as mieux à faire. Viens !
               Mathilde, bien que séduite par l’idée, hésitait : la spontanéité ne comptait pas parmi ses

               qualités. Pourtant, l’attention qu’il lui portait était réconfortante, aux antipodes de ce week-

               end fort en déceptions. Dire oui. Prendre la main qu’il lui tendait. Rien de compliqué en soi.
               Sa tête hésitait mais son corps était partant : c’était comme s’il ressentait déjà la douceur de sa

               main. Elle en frissonna de plaisir. Mais tu fais quoi là ? s’exclama-t-elle pour elle-même en

               secouant la tête. Mathias interpréta ce geste comme un refus et baissa la main qu’il lui tendait.
               Tu dérailles complet ! Et tu devrais attendre d’être descendue du train pour ça, pensa-t-elle

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