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— La troisième tentative ? Tu veux dire qu’il est resté par deux fois sur le quai d’une
gare ? À voir repartir le train dans lequel il devait voyager ?
Les yeux rieurs de Melvin répondirent pour lui.
— Mais c’est horrible ! Il a fait comment pour rentrer chez lui ?
Son voisin éclata de rire devant la mine défaite de Mathilde.
— Il s’est débrouillé. C’est un grand garçon de presque quarante ans tu sais.
— Mais pourquoi vous faites ça ? Sérieux. Ça n’a aucun intérêt !
— Laisse-moi réfléchir. Hum… Adrénaline. Rigolades pendant. Rigolades après. La vie !
— Mais ce n’est pas sympa pour Mathias !
Melvin attrapa les épaules de Mathilde pour se mettre face à elle :
— Il n’est pas le vilain petit canard du groupe sur lequel on décharge nos frustrations,
rassure-toi. Cap’ ou pas cap’, c’est notre façon de déconner. Et puis, on y joue depuis
tellement longtemps que ça fait partie de nous. Il lui lâcha les épaules. Je sais pas moi !
Comme toi avec un rituel quelconque comme, tiens, celui de te brosser les dents trois
fois par jour par exemple. C’est tellement en toi que tu ne te poses plus la question.
— Ah ! ça veut dire que ce n’est pas une évidence chez toi, le brossage de dents trois fois
par jour ? demanda Mathilde feignant l’écœurement en se reculant un peu.
— Ben, en tous cas, pas quand tu rates ton train et que tu n’as avec toi que le journal du
jour...
Mathilde gloussait de bon cœur pendant que Melvin riait à gorge déployée.
— Ça se passe bien ici, les interrompit Mathias. Au fait Mathilde, j’ai récupéré le journal
si tu veux savoir ce qui se passe dans le monde, j’t’le passe.
Il lui jeta sur les cuisses. Mathilde s’arrêta net de glousser et regarda Mathias, interdite. Il a
vraiment cru que je voulais connaître les nouvelles du jour ?
— Je blague ! Tu sais désormais que tu n’as pas le monopole de la moquerie…
Mathilde lui tira la langue et, dans un élan de chamaillerie, lui frappa gentiment la jambe à
coups de journal. Amies, week-end et cailloux dans le ventre semblaient bien loin derrière elle.
— Aï-eeeu ! faisait semblant de se tordre de douleur Mathias.
— Au fait ! Mathias a dit que tu étais « presque la famille ». Ça veut dire quoi
précisément ? les interrompit Bastien qui était assis en face d’eux.
Charme rompu. Mathilde ne riait plus mais se força à répondre :
— Je suis une amie d’Elodie, la cousine de Mathias.
— Ah oui Elodie ! Je vois bien qui est Elodie s’immisça lourdement dans la conversation
un des gars de la bande que Mathilde n’avait, jusque-là, pas repéré.
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