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— Sacré sprint ! Un besoin irrépressible de lire la presse ? le taquina-t-elle dans un
                      sourire histoire de se donner une contenance.

               Deux sourires en moins de dix minutes ? Il y avait du progrès en cette fin de week-end...
                   — Tu m’as vu ?

               Il ajouta après un court silence et sans vraiment attendre sa réponse :

                   — Franchement, je pensais rater le train, mais, j’ai réussi mon défi. C’est fou !
               Mathilde le fixait silencieuse.

                   — Je ne me suis pas trompé ? Tu es bien Mathilde Nodin, une amie de ma cousine
                      Elodie ?

               Amie… Mathilde fit la moue mais hocha la tête en guise d’approbation et sa curiosité

               l’emporta.
                   — J’aimerais bien savoir comment tu m’as reconnue. Nous ne nous sommes vus qu’une

                      fois je crois ? Sauf que contrairement à toi, ce soir-là, je ne pense pas avoir marqué
                      durablement la mémoire des invités de ta cousine…

               La voix de Mathilde se voulait moqueuse mais Mathias semblait assumer totalement le

               souvenir auquel la jeune fille faisait référence. La mienne oui, crevait-il d’envie de lui
               répondre. Il se contenta de sourire et d’hausser les épaules en lui demandant :

                   — Donc tu me remets aussi ?
                   — Monsieur course effrénée contre un border collie ? demanda-telle en inclinant

                      légèrement la tête sur le côté. Oui, je me souviens de toi effectivement. Enfin, disons
                      que j’ai associé le sentiment d’urgence qui barrait ton visage ce soir-là à celui que tu

                      viens de nous offrir il y a quelques minutes. Tu sais quand tu… Elle le mima les bras

                      en l’air, en train de gesticuler. Les années sont passées mais ils se ressemblaient
                      beaucoup...

                   — Ah, ah, ah ! Ravi que tu te souviennes de cet exploit, dit-il en se grattant le sommet du
                      crâne. Il va quand même falloir que j’arrête d’accepter ces défis de gamin avant

                      d’avoir des problèmes… Cela dit, ils m’auront au moins permis de marquer ta
                      mémoire…

               Encore un silence. Mathias dessinait des petits arcs de cercle avec son pied. Il était prêt à

               prendre des risques pour des paris stupides et en même temps se comportait comme un
               adolescent de quinze ans qui n’assume que moyennement parler à une fille qui lui plaît depuis

               longtemps. Encore secouée par la violente dispute avec Elodie ce week-end, Mathilde ne

               percevait rien des perches tendues par Mathias. Il s’assit à côté d’elle.



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