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Avant les vacances d’été il fut décidé d’un voyage à Saint Petersbourg pour la fin de la première. M
Komkanov y avait de nombreux amis qui pouvaient se charger de l’accueil. Pour le remercier elles lui
annoncèrent qu’il était invité à une petite réception chez les parents de Clarisse. Elles lui avaient
préparé une surprise.
Le soir convenu , M Komkanov se retrouva dans un riche appartement dont les murs exposaient
quelques toiles de petits maîtres impressionnistes. Visiblement la famille de Clarisse devait être assez
fortunée . Elle avait invité quelques connaissances et un buffet bien garni était disposé sur une grande
table au fond du salon. L’accueil fut chaleureux et à son grand plaisir il trouva là un vieil ami de
jeunesse.
Depuis déjà trois ans, ses élèves avaient formé un quatuor sous l’égide de leur professeur au
Conservatoire qui, connaissant leur passion pour tout ce qui touchait à la Russie, les avait orientées vers
le répertoire de Chostakovitch. Cette dernière année elles s’étaient particulièrement attelées au quatuor
en fa majeur n°3 qu’elles maîtrisaient déjà plus que convenablement.
Assez rapidement Clarisse dévoila la surprise. Elle et ses amies allaient jouer ce fameux quatuor. Tout
fut installé promptement et un profond silence s’établit parmi la dizaine de spectateurs. Dès les
premières notes de l’allegretto M Komkanov prit la mesure de l’excellence du jeu des jeunes filles. Ce
petit public de connaisseurs tomba totalement sous le charme et applaudit sans retenue la fin de la
prestation . M Komkanov goûta quelques toasts, apprécia une coupe de champagne rosé d’une
exceptionnelle légèreté et pris congé assez rapidement en remerciant chaleureusement la famille de
Clarisse et ses élèves. Sur le retour vers son domicile une idée lui trotta dans la tête . Quelle meilleure
façon de sceller une réelle amitié franco russe qu’en la liant avec de la musique ? Justement parmi ses
amis de Saint Peterbourg, les Afonine avait un fils Anton promis à un bel avenir de pianiste. Il avait
déjà entendu jouer ce beau jeune homme qui filait sur ses vingt ans et était tombé sous le charme. Il ne
fut donc pas long à imaginer ses jeunes élèves faire corps avec ce prodige en devenir pour interpréter
une oeuvre qui lui tenait particulièrement à coeur, Le Quintette avec piano en sol mineur du même
Chostakovitch que les jeunes musiciennes avaient si magnifiquement mis en valeur.
A la fin du cours suivant et pour ne pas parasiter sa classe avec un projet qui ne concernait que quatre
élèves, il leur demanda de rester quelques moments avec lui. C’est en Russe et en cachant difficilement
son excitation qu’il leur fit part de son projet.
Marig s’en souvenait encore comme si c’était d’hier et ne put s’empêcher de questionner Héléna qui
apportait les infusions : “ Tu te rappelles ce voyage ?”
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