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Les vêtements de Sophie paraissaient maintenant en parfaite harmonie avec son allure
               générale. Sa teinture blonde décolorée demandait une visite urgente chez la coiffeuse, sa

               bouche se déformait au fur et à mesure du voyage. Quant à ses yeux et son visage, ils
               méritaient un passage rapide face au miroir pour éliminer les marques de rimmel laissées par

               les quelques larmes versées.



                   -  Non, Sophie. Je ne souhaitais pas, mais il m’a obligée…

                   -  Tais-toi. Je ne veux rien savoir.
                   -  Et toi, Josiane ? Étrange, ton silence ! Toi qui as toujours les mots pour diminuer,

                      corriger, dévaster les autres. Jamais responsable des erreurs et là, d’un seul coup, en

                      plein dedans. Toi qui venais souvent dans mon bureau pour accuser un tel, dénoncer
                      un tiers, que vas-tu faire ?

                      Ton mea culpa, je n’en veux pas.
                      Plus d’une fois, je t’ai pourtant sauvé la mise en évitant aux ressources humaines de te

                      saquer pour tes paroles blessantes et destructrices.

                   -  Excuse-moi, mais moi aussi j’ai eu une épreuve à surmonter.
                   -  Parlons-en. Bien dans tes cordes malgré tes apparences de bonne société. Tricher à une

                      table de 21. Tes lamentations ridicules. Moi, la responsable du service financier et
                      juridique, je ne peux pas. Ce serait remettre ma morale en jeu, je placerais en danger la

                      réputation de la boîte. Bla bla bla !



               Pour la première fois depuis qu’elle la connaissait, Josiane perdait son allure défiante et son

               arrogance. Même sa tenue et ses chaussures de luxe venaient de changer de saison avant la
               présentation des nouvelles collections. On aurait dit une joueuse au tapis, sans aucun atout,

               ayant bluffé toute la partie et s’effondrant à la dernière.



                   -  Elle au moins s’inquiétait et pensait à l’entreprise.
                   -  Jacques, fermez-la ! J’en viendrai à vous plus tard.




                      Donc Josiane, notre professionnelle jusqu’au bout des ongles manucurés, hésite, mais
                      ne peut refuser à son protecteur de gagner malhonnêtement.

                      Pourtant, cela te connaît, ma chère !

                      Tu as été recrutée par notre donneur de leçon alors que tu risquais cinq ans de tôle
                      pour avoir triché au casino de Dijon.



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