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Marie, coincée dans son élégant tailleur vert, avait le visage amorphe, son maquillage léger lui
               conférait déjà l’allure d’une morte vivante.

               A côté d’elle, Josiane ne donnait pas meilleure impression.
               Malgré sa grande taille, elle dépassait à présent à peine sa voisine. Seuls ses yeux noirs ne

               changeaient pas, ils demeuraient menaçants à souhait, prêts à décocher des flèches

               empoisonnées.
               Sophie, dans sa tenue sportive, semblait aussi accuser les coups pas encore reçus.

               Quant à Jacques, il demeurait cet escogriffe insignifiant pourtant haut comme à peine trois
               pommes !




                   -  Vous vouliez que l’on s’explique, alors taisez-vous ou allez-vous asseoir ailleurs !

                   -  Enfin, Isabelle … susurra Marie.

                   -  Revenons à ta quête de reconnaissance, hors des sentiers battus, Sophie.
                      Réussir à aborder le groupe de junkies au pied de l’hôtel pour obtenir un joint de

                      cannabis et le fumer devant nous autres dans le jacuzzi obligatoire, décrété par qui
                      vous connaissez. Il te fallait bien quelques verres de whisky pour franchir le pas et

                      oser parler au peuple comme tu dis.

                      Incroyable quand on sait d’où tu viens. Et moi qui avais pitié de toi en classe, qui te
                      protégeais et te prenais sous mon aile. Personne ne s’avisait à te chercher des poux. Tu

                      as plu à mes parents malgré ton milieu social si bas pour nous. Tu as fait des études et
                      je t’ai aidée à rentrer dans la boîte. Jamais je ne t’ai rabaissée et t’ai toujours respectée

                      comme si de rien n’était.
                      Pourtant, un simple jeu débile te fait plonger là où ton frère - avec la drogue - et ta

                      grande sœur - avec l’alcool - se vautraient et se vautrent toujours. Alcoolisme et

                      prostitution, à croire que ces addictions sont gravées au plus profond de l’ADN de ta
                      famille.

                      Bas les masques, donc puisque tu connaissais tout depuis le début et tu as participé à
                      cette mascarade dégradante : tu m’as humiliée. Pourquoi ?

                      En fait, peu m’importe, tu n’es plus personne pour moi et tu vas payer, comme vous

                      tous.












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