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partageant l’amour de la pêche en bord de Marne. Quant à Yvonne, sa bonne
               humeur et son énergie solaire la faisaient aimer de tous.

               Le départ de Barthélémy eut lieu quelques semaines plus tard. Il était soulagé de ne
               pas laisser Angèle seule. Malo, Moïse et Yvonne lui avaient promis de veiller sur elle
               en cas de problème.

               -Je t’écrirai de chaque ville où nous descendrons, prends soin de toi et de notre futur
               enfant. Je t’aime ne l’oublie pas dit Barthélémy en la serrant contre lui avant de
               monter dans le train.

               Les jours qui suivirent Angèle réfléchit à l’avenir, à sa vie. Elle n’envisagea pas un
               instant de n’être que la femme de Barthélémy : elle voulait travailler.

               -J’ai été élevée de manière à être une parfaite maîtresse de maison, à faire honneur
               à mon mari et à ma famille dans notre Monde, mais je ne sais pas faire grand-chose
               dans la vie quotidienne… dit-elle à Elise quelques jours plus tard.

               -Tu es élégante, tu pourrais chercher un poste de vendeuse, dans une boutique de
               luxe.

               -Jamais de la vie, j’aimerais un métier plus utile ! Et plus créatif également.

               -Réfléchis quelques temps, je suis certaine que tu vas trouver une idée qui te
               conviendra.

               Quelques jours plus tard, alors qu’elle était descendue au fournil pour chercher les
               croissants qu’Yvonne voulait disposer dans la boulangerie, Angèle eut une idée dont
               elle fit part à Malo qui l’accepta avec enthousiasme.

               -Angèle va devenir mon apprentie ! Nous en avons convenu tous les deux, cria-t-il en
               serrant Yvonne dans ses bras quelques instants plus tard. Elle désire travailler et j’ai
               besoin d’un nouvel apprenti.

               -Formidable, je vais nous servir un petit verre pour arroser ça !

               Lors de son retour Barthélémy trouva l’arrangement formidable, d’autant plus
               qu’Angèle était très heureuse.

               La naissance de leur petite Anne, jolie métisse au sourire charmant, les mit au
               comble du bonheur.

               Trois ans plus tard, les pâtisseries d’Angèle avaient conquis de fervents adeptes. On
               venait de loin pour goûter son « Leskon » à base de sarrasin, de mûres et de
               chouchenn ou son « Tronoën » à la ganache caramel au beurre salé et crème au lait
               ribot. Quant à son « Baba Bigouden » dont le rhum avait laissé place à un vieux
               lambig très racé, il ne faisait que des satisfaits.

               Alors que Barthélémy envisageait une nouvelle tournée dans ses Antilles natales, la
               guerre éclata. Les trois amis furent mobilisés laissant Angèle et Yvonne atterrées.

               -Il nous faut nous organiser au mieux, dit Angèle. Tu es enceinte, tu dois faire
               attention à toi. Je vais continuer à faire du pain et toi, tu vas plutôt surveiller Anne

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