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vision la fit chavirer. Suzanne réalisa que sa mère agrémentait sa toilette d’un camée
très ressemblant, gravé de la figure de Minerve, déesse de la sagesse.
Alors, elle se questionna. Obnubilée par son propre avenir, comment en était-elle
venue à négliger sa mère au point de se désintéresser de son existence ? Celle-ci
l’avait toujours soutenue. Elle lui avait permis de quitter sa province pour étudier à
Paris. Telle une chrysalide, Suzanne s’y était épanouie et avait maintenant des
projets exaltants. Un tumulte intérieur la bousculait. Avait-elle vraiment envie de
partir ? Tout s’embrouillait…
Elle sortit de la gare et fit quelques pas, hagarde. Après quelques temps, elle réussit
à calmer cette agitation et mit ses pensées en ordre. Elle ne pourrait jamais se
résigner à laisser sa mère seule. Elle n’avait pas le choix.
Suzanne et Bixente s’épousèrent mais décidèrent de s’installer en France. Lors de la
cérémonie, le prêtre lui glissa à l’oreille. « Le renoncement, ma fille, n’est-il pas la
clef de voûte de la sagesse ? ». Minerve et Cupidon avaient gagné.
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