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L’homme semblait réfléchir, ou sommeiller,  allongé sur un lit à  barreaux et
               raccordé à un appareil à oxygène.

                   -  « Dites-moi, ça me fait plaisir… », reprit-elle.
                      Il était toujours tôt et le temps semblait suspendu.

                      Seul le tic-tac d’un réveil émaillé résonnait dans la cuisine.

                   -  «  Vous pourriez entrouvrir les rideaux…mais juste un peu…s’il vous plait… ! »
                      Un rai de  lumière sombre pénétra  à son tour dans la  pièce éclairant

               doucement le pied du lit et le mur qui lui faisait face.
                      Un profil se dessina.

                   -  Le jour se lève…lui… », lâcha t-il. « Je n’en ai plus envie… »
                   -  « Arrêtez donc de dire des choses pareilles. A ce que je vois, vous n’avez que

                      de l’oxygène pour vous aider à respirer et vos médicaments -  que j’imagine

                      habituels - dans votre pilulier. Vous avez de la famille qui vient vous voir ? »
                   -  «  Vous savez….la famille… »

                   -  « Ecoutez, dites-moi qui est votre infirmière, je saurai par elle qui contacter »

                   -  « C’est inutile…Elle était la dernière personne que je voyais…avant vous !! »
                   -  « Ne faites pas votre mauvaise tête ; allez, dites-moi… »

               L’heure se remit à tourner et Hanso songea d’un coup à son patient de l’étage du
               dessus.  Le trait de lumière éclairait davantage la chambre  et ils se dévisageaient

               désormais.
                   -  « Vous savez…. » commença t’il s’interrompant aussitôt comme si le secret

               devait tout emporter…

                   -  « Que devrais-je savoir ? »
                   -  «  Vous savez que nos âmes nous ont fui… ? Vous savez que nos pauvres

                      cervelles restent là à tourner comme des lave-linges … ? Vous savez l’inutilité
                      de tout ceci ? »

                   -  « Cessez… Cessez… »
                   -  « Vous savez… Mais vous ignoriez que vous  étiez l’ultime…  Et que si le

                      hasard fait parfois bien les choses, vous en êtes une juste réalité.

                      Vous  êtes le visage que j’attendais, la  personne que j’espérais… Entre
                      l’absence et le personnel mécaniquement médical… Vous Êtes…

                      Je sais…  dehors… les braillements des enfants, les voitures, les bus, les

                      oiseaux, le soleil, la pluie, les chats qui se battent …et cætera, ce que vous
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