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- Décidément ma pauvre Elisa, je m’inquiète pour toi. Tu ne vois pas que nous sommes au
               même endroit ? Nous n’avons pas bougé, toi non plus d’ailleurs.


               - Mais enfin arrêtez de dire n’importe quoi a la fin ! Je viens de monter trente marches au pas
               de course pour aller voir ma patiente, et voilà que je vous retrouve ! Qu’est ce que vous me

               voulez à la fin ? Sortez de chez elle !


               - Je suis ici chez moi, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. Ce n’est pas ma faute si ton esprit
               te joue des tours. Cela fait bien longtemps que tu n’as pas eu de patiente, tu l’as oublié ?


               - C’est vous qui perdez l’esprit ! Je ne vous ai jamais vu ! Je suis ici pour Madame Picolli
               vous dis-je ! Elle doit d’ailleurs être en train d’étouffer à l’heure qu’il est !  Laissez moi

               tranquille, j’ai plus urgent à faire que de m’occuper des délires d’un inconnu.

               - J’aimerai bien te laisser tranquille Elisa, mais c’est toi qui as besoin de moi. Tu me dis tous

               les jours que tu veux que je te laisse, mais ça ne t’empêche pas de me revenir tous les matins.

               C’est un perpétuel recommencement.

               - Taisez-vous ! On dirait mon chef. C’est insupportable. Et je ne vois pas pourquoi vous vous

               permettez de me tutoyer !


               -  C’est normal, je suis ton chef. Tu ne me reconnais pas ? Tu ne te  rends pas compte de
               l’endroit où nous sommes ? »


                      Élisa regarda autour d’elle, espérant trouver un quelconque soutien pour comprendre
               cette situation ubuesque.  Elle ne reconnaissait pas l’appartement de Madame Picolli. Tout

               était blanc, au lieu des couleurs chargées qui emplissaient chaque parcelle de l’appartement.
               Une lumière étrange perçait au travers des fenêtres, on était loin de la lumière de l’aube qui

               l’avait accompagnée à son lever. Cette lumière était trop claire, presque artificielle. Des sons

               revenaient régulièrement, sans aucun rapport avec ceux de la rue qui s’éveillait. Il s’agissait
               plutôt de bourdonnements, semblables à des machines. Cela lui rappelait quelque chose, mais

               elle ne parvenait pas à se rappeler ce qui correspondait à ce son si particulier, appartenant à
               une bâtisse bien précise. Elle reporta son attention vers l’homme.


               « Pourriez-vous, s’il vous plaît, me dire où se trouve Madame Picolli ?


               - Madame Picolli ?! Mais enfin, elle est en prison depuis des années. As-tu omis qu’elle a
               essayé de t'assassiner après que tu es venue la calmer d’une crise d’angoisse… »
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