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Elle  avait  eu  maintes fois l'occasion d'être appelée pour des soins urgents au 32,
               avenue du manoir, 5ème étage, porte  gauche. Mais ce matin-là, fatiguée par une nuit

               d'insomnie, elle s'arrêta au 4ème étage, et frappa porte gauche. A peine s'était-elle aperçue de
               son erreur, qu'une voix résonna dans la pièce du fond : « Enfin ! Je vous attendais ».   Prête

               à s’excuser du dérangement, elle n’eut pas le temps de rester au pied de la porte. Une main lui

               attrapa le bras et la happa à l’intérieur de l’appartement sombre. Epuisée, elle n’était pas en
               état de réfléchir à ce qu’il se passait, ni de se défendre. On la poussa dans le salon, quand la

               voix se fut plus forte :

               « Eh bien, vous en avez mis du temps ! J’ai bien cru que vous ne viendriez jamais !


               - Heu, pardonnez-moi Monsieur, mais il y a une erreur. Je ne suis pas la personne que vous
               espériez. Je suis là pour…


               - Ne commencez donc pas ! A chaque fois c’est la même chose. Vous vous excusez de votre

               retard, vous ne savez pas ce que vous faites là, et on perd du temps ! Dépêchez-vous, venez
               près de moi. »


                      Elisa ne comprenait décidément rien à ce qu’il se passait. Elle avait rendez-vous avec

               Madame Picolli, comme toutes semaines pour ses soins.  La pauvre femme devait se
               désespérer de ne pas la voir arriver. Ses crises d’angoisse s’empiraient les semaines passant,

               provoquant de plus en plus de crises d’asthmes catastrophiques. Elle ne savait plus quoi faire
               pour l’apaiser. Et ce rustre qui ne comprenait rien à rien ! Désormais bien réveillée, elle ne se

               laissa pas faire.

               « Bon maintenant ça suffit ! Je ne sais absolument pas ce que vous attendez de moi, mais je ne

               suis pas la personne que vous attendiez ! Je suis attendue ailleurs, par une personne qui…


               - Que vous êtes fatigante Elisa ! Quand comprendrez-vous que vous êtes à mon service et pas
               à celui de quelqu’un d’autre ?


               - Mais comment connaissez-vous mon nom ? Nous ne sommes jamais vus.

               - Bien sûr que si. Tous  les jeudis, depuis quinze ans. Et tous les jeudis, vous me faîtes le

               même cinéma.


               - Enfin, c’est vraiment n’importe quoi ! Je m’en vais sur le champ. »

                      Elle se dirigea d’un pas vif vers la porte, et fut tout aussi rapidement arrêtée par une

               petite femme. Elle hésita, tenta de la contourner, n’osant pas la pousser. Elle paraissait si
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