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pied levé, et qui plus est, par quelqu’un contre qui elle ne faisait pas le poids.

                -  « Mesdames, j’ai beaucoup réfléchi. Et j’ai quelque chose à vous proposer. Vous êtes toutes

                    les deux précieuses pour la fondation, les résidents vous adorent, ils ont confiance en vous,
                    et les familles ne voudraient pour rien au monde changer des habitudes si difficiles à ancrer

                    auprès de leurs enfants. Je sais aussi que vous avez de nombreux patients, des plannings

                    chargés,  et un besoin compréhensible en termes de trésorerie »,  expliqua Jérôme en les
                    regardant tour à tour, donnant l’impression d’attendre une confirmation de leur part.

            Karen se perdit un instant dans ses pensées. Ce petit discours signifiait donc qu’Isabelle travaillait

            pour et avec la fondation depuis un certain temps. Comment cela se faisait-il que Jérôme ne lui en

            ait jamais parlé ? Comment se faisait-il que les deux femmes ne se soient jamais croisées ? Karen
            sentit le regard insistant des deux autres et revint au présent.


                -  « Le numéro 32 est ma priorité, mon cheval de bataille, vous le savez. Et sans psychologue,
                    rien n’est possible sur le long terme. J’aimerais donc vous proposer un arrangement. »


            Les deux femmes lui firent signe de continuer son exposé.

                -  « Voilà, j’aimerais vous proposer d’emménager au 32, et en plus du logement, vous aurez,

                    dès le mois prochain une compensation financière. En échange de quoi, vous vous
                    partagerez le temps de travail à 50-50. »

                -  « Mais, où veux-tu que nous nous installions, Jérôme ? Je pensais que tous les appartements

                    étaient occupés, ou soumis à une longue liste d’attente ? »... déclara Karen, sans comprendre
                    où il voulait en venir.


                -  « Un appartement vient de se libérer hier, c’est pour cela que je ne cessais de t’appeler, mais
                    sans succès. Il la regarda dans les yeux, avec un air de défi. C’est Roland, c’est fini pour lui,

                    il est parti, je suis désolé de te l’apprendre comme ça, Karen. Tu as fait tout ton possible.

                    Isabelle m’a bien aidé hier, et j’en suis venu à la conclusion qu’il me fallait une psychologue
                    à résidence pour éviter que cela ne se reproduise. »


            Karen resta bouche bée, complètement décontenancée par les propos tenus. Roland était « parti » ?
            C’était « fini pour lui » ? S’agissait-il d’un départ volontaire,  forcé ou  pire, d’un décès violent,

            comme celui de Lara, survenu un an plus tôt?

                –  « Comment ça c'est fini pour lui ? Il est parti pour continuer sa vie ailleurs ? »

                –  « Oui, Roland est parti rejoindre ses parents sur  Lyon.  Le  contact avec sa famille lui

                    manquait trop et il a eu une super opportunité de travail sur Lyon. Alors il a pris la décision

                    de partir même si le concept de l'immeuble le sécurisait et l'intéressait franchement. Mais ce
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