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message de la part de Roland ?
- Aujourd’hui, tu veux dire ? Euh attends je regarde, un instant, ajouta Isabelle en fouillant
parmi ses vêtements disposés sur un fauteuil, juste à côté du lit. Non, rien de mon côté.
Jérôme est parti chercher le petit déjeuner, mais je lui demanderai à son retour si tu veux.
- Ok super, merci beaucoup. Karen notifia le caractère assez protecteur d’Isabelle, qui devait
redouter toute rivalité féminine. Avait-elle été naturelle hier soir ? Ou avait-elle utilisé ses
talents de psychologue pour projeter une image qui correspondrait aux attentes de Karen ?
- Attends, Karen. Que se passe-t-il ? Pourquoi Roland nous aurait-il appelé ? Tu sais qu’il est
parti, on en a parlé hier, rappela Isabelle.
Karen sentit le malaise s’étendre et un nœud se forma dans son ventre, comme une intuition
naissante qui lui disait de ne rien dévoiler à cette quasi inconnue.
- Non, je sais bien qu’il est parti, mais je lui ai demandé de m’envoyer ses nouvelles
coordonnées et je les ai effacées par erreur. Il m’a dit qu’il comptait les envoyer à toute
l’équipe, donc forcément, j’ai tout de suite pensé à Jérôme, enfin, à vous deux.
Karen sentit un petit soupir de satisfaction à travers le combiné. L’utilisation du fameux « vous
deux » avait fait son petit effet sur son interlocutrice, ce qui en disait long sur ses intentions.
- Très bien, je te tiens au courant. Désolée, je dois te laisser maintenant.
- Bien sûr ! Merci Isabelle et à très bientôt! conclut Karen. Elle raccrocha, soufflée par la
tournure des événements.
A peine arrivée dans sa salle de bain, elle entendit de lourds coups frappés à sa porte. Apeurée par
tant de violence, elle enfila un peignoir et se rendit devant sa porte, sur la pointe des pieds.
- Karen, tu es là ? S’il te plaît, ouvre-moi, c’est Roland !
Elle ouvrit sans même réfléchir et fut choquée de découvrir le jeune homme marqué par un œil au
beurre noir, l’air hagard. Il ne tenait presque pas debout. Il s’écroula dans ses bras, sans parvenir à
retenir ses larmes. Elle eut l’impression de consoler un petit garçon égaré, et se sentait déboussolée.
- Roland, ça va aller, je suis là, tu es en sécurité. Tu peux rester ici autant que tu veux. Karen
entendit les mots sortir de sa bouche sans pouvoir les retenir. C’était contraire à son éthique,
elle n’était pas censée recueillir des patients chez elle, mais en regardant à nouveau Roland,
elle ne put s’empêcher de confirmer son intention de le protéger.
- J’ai peur Karen. J’ai été drogué hier, je me suis réveillé sur un trottoir, juste à côté d’une
benne à ordures, le visage ensanglanté et les membres endoloris.
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