Page 42 - affiche-plume-2020.indd
P. 42
Mathilde crut à une plaisanterie, mais la voix semblait vraiment sincère. La jeune fille
montra une hésitation dans son comportement. Se trouvant dans l’embrasure de la porte, elle
observait l’entrée de l’appartement, comme prête à repartir.
— Reste ! s’il te plait.
La voix était douce, agréable, légèrement suppliante. Mathilde avait envie de lui faire
confiance, mais une autre présence discrète dans son cerveau lui disait qu’il fallait qu’elle se
méfie. Elle se souvint qu’en ce moment, elle aurait dû se trouver au-dessus, dans
l’appartement de madame Jean pour sa piqure d’insuline. La voix réitéra :
— S’il te plait. Je t’en prie, tu ne vas pas m’obliger à me mettre à genoux !
Mathilde allait répondre « non, bien sûr ! » quand elle réalisa l’incongrue situation. En
l’écoutant, elle imagina le monsieur souriant et plaisantant. Elle esquissa elle-même un
sourire, mais resta néanmoins sur ses gardes.
— Ah ! Je savais bien que tu avais de l’humour ! Entre et assieds-toi.
Mathilde posa sa trousse d’infirmière sur un des fauteuils et s’installa sur le deuxième. Elle
cala ses fesses au bord de l’assise, prête à se lever.
— Mais où êtes-vous ?
— Tu peux enlever ton manteau, crois-moi, il fait chaud ici.
— Je ne pense pas rester longtemps, il y a votre voisine qui m’attend.
— Ne t’inquiète pas pour elle, je l’ai avertie.
Mathilde fronça les sourcils, se demandant de quel droit ce monsieur avait prévenu sa
patiente tout en étant rassurée qu’il l’ait fait.
De toute façon, je ne vais pas m’attarder, se dit-elle.
— Fais-moi plaisir, enlève ton manteau et assieds-toi confortablement.
2