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expérimenté. Elle savait que des médecins la pratiquait dans son l’hôpital pour dénouer

des situations complexes. Elle se sentait en confiance chez son amie et se laissa
convaincre d’essayer. Elle s’installa avec Paul dans une pièce à part. Guidée par sa voix,

elle remonta le temps jusqu’à ce jour où elle s’était trompée d’étage.
Elle se revit assise dans sa voiture garée devant l’immeuble, se penchant pour récupérer

sa bouteille d’eau. Son regard se posa sur un cahier noir qui avait probablement glissé
entre les sièges et devait être là depuis un bon bout de temps. Elle s’en saisit et le

contempla, sans arriver à se rappeler de sa provenance. Elle ramassa également

quelques emballages froissés de ses bonbons à la menthe préférés et un stylo à quatre
couleurs, égarés eux aussi sous le siège. Perplexe, elle contempla sa trouvaille en

laissant ses pensées vagabonder, dans un demi-sommeil. Elle se vit griffonner quelques
mots dans le cahier, en changeant de couleur, peut-être pour vérifier qu’il y avait de

l’encre ? Soudain, dans un crissement de pneumatiques, une voiture passa rapidement
devant elle. Sur le trottoir d’en face une jeune mère poussait un landau. Machinalement

elle rangea le cahier dans son sac à main et s’assoupit un moment. Quand elle se réveilla,

elle s’empara de sa sacoche médicale, sortit de la voiture et grimpa les escaliers jusqu’au
cinquième étage…

Le compte à rebours mettant fin à la séance lui permit de sortir doucement de son état

d’hypnose sans rien oublier des détails de cette introspection. L’attitude de Marie suivit les
variations de ses pensées, de l’incrédulité à l’anxiété jusqu’à ce qu’elle ne se fige, prostrée

dans le fauteuil. Paul prit la parole d’une voix douce, devançant ses questions.
- Votre expérience n’est pas dramatique en soi. C’est même la preuve que votre

cerveau fonctionne normalement. En effet, lorsque la situation réelle est
insupportable, il va déployer des mécanismes de défense, en créant des rêveries,

des souvenirs et en occultant certains faits. Ainsi, votre rencontre avec l’inconnue

est-elle basée sur une photo aperçue ici, un cahier récupéré sous le siège passager,
une voiture qui passe près de vous en roulant trop vite. L’écriture automatique des

noms vous a permis de vous évader et de supporter les affres de la réalité.
Maintenant que vous en avez pris conscience, vous pourrez plus facilement repérer

ces moments de fuite, mieux accepter les sensations désagréables qui les suscitent
et agir en conscience pour ne plus perdre pied. Si vous le souhaitez, nous pourrons

en rediscuter.

Trois semaines ont passé. Marie va de mieux en mieux. L’environnement rassurant que lui
procure Chloé, son traitement qu’elle suit méticuleusement et les séances d’hypnose de

Paul lui ont permis de se refaire une santé mentale et physique solides. Samedi dernier,
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