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N° 34                       Une rencontre inattendue



               Elle avait eu maintes fois l’occasion d’être appelée pour des soins urgents au 32, avenue du
               manoir, 5 ème  étage, porte gauche. Mais ce matin-là, fatiguée par une nuit d’insomnies, elle

               s’arrêta au 4 ème  étage, et frappa porte gauche. A peine s’était-elle aperçue de son erreur,

               qu’une voix résonna dans la pièce du fond : « Enfin ! Je vous attendais ».

               Magalie était pétrifiée, ne sachant que faire. La jeune infirmière restait sur le pas de la porte.

               Son beau visage ordinairement brun était plus pâle que jamais.


               La voix résonna de plus belle :


               - Entrez, entrez ! Vous n’allez pas rester là !


               Redoutant ce qui allait lui arriver, elle franchit le seuil de la porte.

               Une vieille femme âgée était assise dans un fauteuil à côté d’un feu brûlant dans une

               cheminée. Elle avait la peau noire et des cheveux passant du blanc au gris. Elle était maigre et
               avait une couverture à carreaux sur ses genoux. La vieille femme avait les traits tirés.


               - Venez, asseyez-vous ! dit-elle en montrant un fauteuil en face de celui qu’elle occupait déjà.


               L’infirmière s’assit, attendant la suite. Quand la vieille femme reprit la parole, sa voix

               tremblotait un peu :


               - Vous vous appelez Magalie, n’est-ce pas ?

               L’infirmière la regarda avec incrédulité, puis, lentement, hocha la tête de haut en bas. La

               vieille femme sourit.


               - Cela faisait longtemps que j’avais envie de vous voir, Magalie, mais je n’ai jamais osé vous

               parler. Nous nous sommes croisées une fois, vous vous souvenez ?

               - Oui, je me souviens, répondit Magalie. Je vous avais croisée, ici même, dans cette maison de

               retraite, il y a un mois. Je vous avais dit bonjour et vous ne m’aviez pas répondu. Je m’étais
               dit que vous aviez sûrement vos raisons de ne pas me répondre. C’était un peu énervant pour

               moi, mais, je m’étais adaptée.


               - Bon, dit la vieille femme, je pense que je dois aussi vous dire mon prénom n’est-ce pas ?

               demanda-t-elle à Magalie d’une voix fatiguée.

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