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Une fois le secrétaire d'état reparti à Paris, le pression retomba d'un cran et la vie repris son
            cours. Appeler la gendarmerie maritime contrariait le commissaire, il passa donc par le canal de la
            cheffe de  cabinet du préfet trop heureuse de participer ainsi à une  enquête de police tout en se
            recommandant des propos du secrétaire d'état ce qui ne manqua pas d'impressionner le colonel de
            gendarmerie en dépit de son ancienneté. Les bassins du port furent donc sondés ainsi que le plan
            d'eau de la zone écologique intercommunal par les pompiers du SDIS cette fois, le tout sous l'oeil
            blasé des caméras de FR3 Bretagne toujours à l'affût d'images chocs.  Mais aucun corps ne fut
            trouvé. Ca devenait problématique et très agaçant.

                   Le nombre de personnes mobilisées , le temps passé par les fonctionnaires et les sommes
            engagées s'ajoutaient les unes aux autres ; il allait falloir choisir, continuer ou arrêter. Un choix que
            le commissaire aimerait volontiers voir assumer par d'autres que lui.

                   Heureusement pour le commissaire, les journalistes du télégramme de Brest avaient trouvé
            un autre os à ronger. La situation s'apaisait. Cette malheureuse présumée disparue se dirigeait ainsi
            paisiblement mais sûrement vers l'oubli.

                   Trois jours  plus tard,  une dame  âgée se présenta à  commissariat,  elle venait d'être
            cambriolée, sa porte était cassée, elle ne pouvait plus renter chez elle. Le policier faisant l'accueil ne
            fit pas le rapprochement et la fit attendre  attendre deux heures sur  une chaise le retour de
            l'inspecteur qui, compris immédiatement de qui il s'agissait... !

                   Sa première réaction fut de la sermonner rudement. On ne part pas comme ça sans prévenir
            son entourage. Des moyens très importants et coûteux ont été mobilisés pour vous retrouver vous
            avez mis tout le pays dans l'inquiétude !
                   Se faire morigéner par un « gamin » de 45 ans ne la troubla pas plus que cela. Elle l'écoutait
            en souriant.

                    −  Mais à propos ou étiez-vous passée ? Voulez-vous voir un médecin ?
                    −  Moi ? Mais non, je vais très bien. J'étais parti faire un pèlerinage au Portugal, à Notre
                       Dame de Fatima. Je ne voyage jamais mais quand j'ai vu sur Internet que le Portugal
                       avait ré-ouvert ses frontières et comme ils ne nous demande rien à nous français, aucun
                       papiers d'identité, alors je me suis dit que c'était le moment de bouger, qu'après je serais
                       trop vieille ! Dites, j'ai tout de même 88 ans !
                    −  Mais qu'est ce qui vous a pris de faire ça sans prévenir ?
                    −  Je vais vous dire, je ne lis pas habituellement ce genre de littérature mais j'avais reçu ces
                       deux livres en cadeau de premier achat sur un  nouveau site  Internet, c'est très osé  et
                       transgressif cette façon d'écrire, c'est même pornographique mais j'avais reçu ces deux
                       livres chez moi, je les ai lus. C'était  « Les seins de Fatima » de Rebillard, vous
                       connaissez bien sûr ?
                    −  Non pas du tout, c'est pas le sujet et ça ne m'intéresse pas de savoir ; à propos, vous ne
                       portez pas de masque, êtes vous vaccinée au moins ?
                    −  Oh oui bien sûr, j'avais commandé sur Internet le nouveau vaccin par patch*, c'est très
                       efficace et sans aucun effet secondaire et ça économise le déplacement de l'infirmière.

            *Un laboratoire universitaire coréen venait de mettre au point et le diffusait sur la toile, un patch à
            base d'ARN  captif intégrant tous les algorithmes des différents variants possibles du virus  –
            recherches menées  grâce au mécénat de Steve Jobs. Elle l'avait commandé sur le site du dit
            laboratoire et réglé par virement international pour le prix de 1,8 bitcoin. Elle l'avait reçu au


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