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Vous passiez vos vacances en famille dans la résidence secondaire de vos parents

               au fin fond de la Bretagne dans le village de Lesconil, charmante localité située en
               bord de mer. De mon côté, du jour où j’ai commencé à travailler, à l’âge de dix-sept

               ans, je prenais le train avec mes petites économies et je passais mes congés payés
               chez mes grands-parents à Plobannalec village voisin de Lesconil mais côté terre. Ils

               y possédaient une fermette et vivotaient péniblement avec trois vaches et deux
               cochons.


               Il restait beaucoup de place pour les loisirs qui me portaient vers la plage des sables

               blancs. C’est là que j’ai fait la connaissance de Jacques, Jean-Louis, Yves, Pierre-
               Marie, Marie-Louise et Bernadette qui se faisaient appeler « Les marsouins volant ».

               Ils nous avaient adoptés vous et moi. Nous étions les « parigots », la laisse de mer
               des vacanciers. Est-ce que votre mémoire vous revient ?


                   -  Vous êtes…Guillaume… ? murmura Jeanne dans un souffle, le corps tendu,

                      les mains crispées sur les bras du fauteuil.

                   -  Je me demande pourquoi vous me prenez pour Guillaume et non pas Jacques

                      ou Jean-Louis par exemple.

               Jeanne sidérée ne dit pas un mot.


               Oui, Jeanne. Je suis Guillaume que vous avez retrouvé sur une plage bigoudène par
               une voie inexpliquée du destin. Votre insouciance, votre liberté de parole et votre

               gaité communicative nous emportaient tous dans des tourbillons de jeux et de

               plaisanteries faisant la nique aux difficultés quotidiennes d’un pays occupé et ayant
               abandonné les rênes de son propre destin.


               Pour ma part, la folie douce des congés avait rangé mon exclusion du lycée et du
               cursus scolaire aux archives d’une tranche de vie oubliée. Je ne pouvais pas savoir

               que vous aviez été l’artisan néfaste de mon karma. Nous nous amusions donc.


               Souvenez-vous

               Nous allumions des feux de camp sur la grève et nous nous noyions des discussions

               sans fin dans un alcool local. Désinhibé, je m’aventurais à goûter au sel de vos
               lèvres. Vous ne vous y opposiez pas. Une fois dégrisé, il me venait la vision de Faust

               pactisant avec le Diable dans l’alchimie de la désinvolture et de la veulerie. Qui était

               Faust ? Qui était le Diable.

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