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- Vous m’avez fait conduire en enfer sur terre. Seule la mort aurait pu m’en sortir. Je
n’ai pas eu cette chance. Tous les jours et toutes les nuits des démons en blouse
blanche hantent mon esprit ; des scalpels, des scies, des ciseaux, des aiguilles, des
pinces à ongles et j’en passe, s’amusent avec mon corps.
-
Vous êtes infirmière, Gabrielle. Car tel est votre prénom d’usage aujourd’hui. Jeanne
a martyrisé ses chevaliers, Gabrielle sera l’ange de la rédemption. A compter
d’aujourd’hui vous serez mon infirmière. Vous me visiterez matin et soir pour
soulager mes douleurs en contemplant un monstre rescapé du Styx. Il n’y a pas
d’alternative. Vous ne pourrez échapper à votre destin Gabrielle.
Gabrielle garda le silence pendant de longues minutes, se torturant les mains, le
regard pointé vers la fenêtre ouverte où elle apercevait les deux clochers illuminés
par le soleil déclinant.
Sans un mot elle se leva prit sa mallette et se dirigea vers le couloir qui prenait un
peu de la lumière venue de l’extérieur.
- A demain Guillaume dit-elle sans se retourner.
Remontant le couloir, elle regarda rapidement les photos exposées. Toutes
représentaient des scènes des camps de concentration nazi.
- Gabrielle ! J’ai oublié de vous dire que tous « Les marsouins » ont été exécutés en
1944. Vous n’y êtes pour rien.
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