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L'homme ne ressemblait en rien à l'appartement qu'il occupait : la petite quarantaine,

cheveux courts coiffés en mèches effilées qui semblaient avoir été modelées sagement
par du gel, barbe de trois jours, jeans, polo coton classique, baskets de marque.

- Ce petit-déjeuner a t-il été à votre goût ? Etes-vous prête à me conduire à l'adresse que
je vais vous indiquer ?

Interloquée, Nina restait pétrifiée. Son cerveau, même poussé en mode turbo n'arrivait pas
à décoder la situation.

- Vous êtes bien chauffeur de taxi, n'est-ce pas ?

Devant son mutisme, l'homme reposa sa question sur le même ton...
Nina ne trouva d'autre réponse que le rire !

Un rire en cascade qu'elle était bien incapable de maîtriser.
Elle se rassit. L'homme se rapprocha, impassible, attendant une réponse.

- Non, non, non, parvint-elle à articuler non sans mal tant la situation devenait cocasse.
Je suis infirmière...

- Infirmière ? Que voulez-vous que je fasse d'une infirmière ? C'est d'un chauffeur de taxi

dont j'ai besoin. J'ai appelé votre agence pour demander mon chauffeur habituel, mais
apparemment on a oublié de me prévenir qu'aujourd'hui il n'était pas disponible et que

vous le remplaceriez...

- Chauffeur de taxi ? Non, non, je vous répète, il y a erreur, je suis infirmière. En tout cas
merci pour cet excellent petit-déjeuner complètement imprévu, je me suis régalée.

Ce disant, elle faisait des efforts surhumains pour ne pas pouffer à nouveau.
L'homme se tenait tout près d'elle, statufié, essayant de trouver une logique à cette

histoire qui n'en avait pas. Il n'avait pas l'air de prendre la méprise à la rigolade !
- Mais alors, reprit-il, que vous faites chez moi, à 7h du matin en train d'utiliser la collation

que j'avais préparée pour quelqu'un d'autre ?

Nina retrouva son calme pour expliquer le quiproquo.
- Mais moi je dois absolument me rendre à la périphérie de la ville, rue Honoré de Balzac.

Je suis déjà en retard. Alors on va dire que vu la situation, vous allez exceptionnellment
me servir de chauffeur. Vous montez rapidement donner vos soins à ma voisine du dessus,

vous repassez chez moi et vous me conduisez sans attendre à mon rendez-vous.
L'inconnu parlait avec une assurance convaincante mais arborait maintenant un large

sourire et semblait lui aussi fortement s'amuser de cette situation complètement loufoque.

Nina se dit qu'un brin de folie supplémentaire pimenterait encore un peu plus sa journée.
Autant la poursuivre comme elle avait commencé, dans une fantaisie totalement

débridée !... Un peu plus, un peu moins, au point où elle en était...

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