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N° 27
NINA

Elle avait eu maintes fois l'occasion d'être appelée pour des soins urgents au 32 avenue

du Manoir, 5°étage, porte gauche.

Mais ce matin-là, fatiguée par une nuit d'insomnie, elle s'arrêta au 4°étage, et frappa porte
gauche.

A peine s'était-elle aperçu de son erreur, qu'une voix résonna :
- Entrez ! Je vous attendais.

Stupéfaite, Nina resta figée sur le paillasson de la porte d'entrée.

La voix résonna à nouveau :
- Entrez, entrez, la porte n'est pas fermée à clef, je vous attendais.

La jeune infirmière se décida à pénétrer dans l'appartement afin d'expliquer son erreur, de
s'excuser puis de rejoindre rapidement sa patiente de l'étage supérieur. Elle poussa donc

la porte et se retrouva dans une vaste pièce encore dans la pénombre, mais ça c'était
normal puisqu'il n'était que sept heures du matin. Nina avait passé une nuit de garde à

l'hôpital où elle assurait un mi-temps. Une nuit sur la brèche sans avoir eu le temps de se

poser.
Au sortir de l'hôpital, vers 6h30, elle avait trouvé un sms sur son portable : une patiente

qu'elle venait régulièrement voir avait déposé un message pour des soins non prévus mais
pas urgents, seulement à faire dans la journée si possible.

C'est pour cela, qu'avant de rentrer chez elle, elle avait fait un détour.. Elle pourrait ainsi
avoir plus de temps ensuite pour rattraper sa nuit sans sommeil.

Avenue du Manoir, n° 32

Quartier tranquille, arboré, immeubles plutôt bourgeois.
Intriguée par l'injonction réitérée Nina poussa la porte et avança timidement,

impressionnée par la dimension de la pièce, impressionnée par son mobilier.

Meubles anciens, luxueux tapis sur le parquet ciré, quelques objets et sculptures
déposées ça et là avec goût, lourds doubles rideaux sur toutes les porte-fenêtres.

Sur les murs des tableaux de maîtres côtoyaient quelques armes anciennes,
Nina eut l'impression d'avoir pénétré dans une salle de château du XVI ème siècle.

Comme un passage dans une autre époque. Ambiance feutrée et colorée. Elle qui venait
tout juste de quitter l'atmosphère blanche, nue et aseptisée de l'hôpital.

Des lampes d'un autre temps baignaient la pièce d'une agréable lumière d'ambiance.

Déjà surprise par l'inattendu de la situation et du décor, quelle ne fut pas sa stupeur de
remarquer soudain au centre de la pièce une immense table de chêne sur laquelle tout

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