Page 141 - affiche-plume-2020.indd
P. 141

— Ai-je de bonnes relations avec elles ?

                   — Oui, surtout avec la benjamine. Vous étiez très proches.
                   Elle se rapprocha lentement de la fenêtre, peinant à chaque pas.

                   — Dommage que je n’en ai aucun souvenir. Cette vie me plairait.
                   — Ce n’est pas fini mon amour… , dit Habib d’une voix tremblante.

                   #
                   20cc d’adrénaline. 30 Amps. Dégagez !

                   #

                   Les deux spectres jaillirent du mur. Le premier, mince et souriant, arborait la tenue
            traditionnelle Tunisienne, une Jebba grise et bordeaux sur une chemise ivoire, avec une

            chechia rouge sur la tête. Le second, plus corpulent et le regard sévère, portait un simple
            costard-cravate  de belle facture.  Latifa  contempla son environnement. La pièce  avait

            disparu, Habib également. Les deux spectres se tenaient maintenant à quelques pas de
            Latifa. Si leurs mises étaient nettes, leurs visages restaient légèrement flous. Le premier

            sembla lui sourire, mit la main sur son cœur, la salua. Dans son autre main jaillit un petit

            bouquet de Jasmin, qu’il lui tendit. Le second observait silencieusement. Latifa fit un pas,
            puis un autre, tendit le bras et saisit les fleurs. Le premier homme sourit de plus belle. Le

            second croisa ses deux bras puissants sur son ventre proéminent. Latifa colla les fleurs

            sous  son nez.  L’émotion la submergea  et les  larmes jaillirent.    Le corps secoué  de
            sanglots lourds, Latifa interpella les deux hommes.

                   — Mais qui êtes-vous ? Qu’est ce que tout ceci ? lança-t-elle d’une voix pâteuse et
            distordue.

                   Le premier lui  prit la main  et la baisa  tendrement.  Leurs yeux se croisèrent.
            L’homme chuchota.

                   — Il n’est pas encore tout à fait l’heure, Latifa mon amour. Il faut lutter.

                   #
                   20cc de plus. 40 Amps. Choc !

                   #
                   Elle  était  de retour dans la  pièce bleutée.  Habib se tenait  au chambranle  de  la

            fenêtre, le regard douloureux, le visage horriblement émacié. Latifa s’approcha.
                   — Comme vous semblez souffrir…

                   — Oh. Je m’y suis habitué. Mais vous voir en ce non-lieu me blesse davantage. J’ai

            tant espéré et redouté de vous y retrouver ….
                   Habib grimaçait de douleur. Latifa nota ses yeux d’un jaune alarmant. Il passa la

            langue sur ses lèvres craquelées.


            P 4
   136   137   138   139   140   141   142   143   144   145   146