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— Ai-je de bonnes relations avec elles ?
— Oui, surtout avec la benjamine. Vous étiez très proches.
Elle se rapprocha lentement de la fenêtre, peinant à chaque pas.
— Dommage que je n’en ai aucun souvenir. Cette vie me plairait.
— Ce n’est pas fini mon amour… , dit Habib d’une voix tremblante.
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Les deux spectres jaillirent du mur. Le premier, mince et souriant, arborait la tenue
traditionnelle Tunisienne, une Jebba grise et bordeaux sur une chemise ivoire, avec une
chechia rouge sur la tête. Le second, plus corpulent et le regard sévère, portait un simple
costard-cravate de belle facture. Latifa contempla son environnement. La pièce avait
disparu, Habib également. Les deux spectres se tenaient maintenant à quelques pas de
Latifa. Si leurs mises étaient nettes, leurs visages restaient légèrement flous. Le premier
sembla lui sourire, mit la main sur son cœur, la salua. Dans son autre main jaillit un petit
bouquet de Jasmin, qu’il lui tendit. Le second observait silencieusement. Latifa fit un pas,
puis un autre, tendit le bras et saisit les fleurs. Le premier homme sourit de plus belle. Le
second croisa ses deux bras puissants sur son ventre proéminent. Latifa colla les fleurs
sous son nez. L’émotion la submergea et les larmes jaillirent. Le corps secoué de
sanglots lourds, Latifa interpella les deux hommes.
— Mais qui êtes-vous ? Qu’est ce que tout ceci ? lança-t-elle d’une voix pâteuse et
distordue.
Le premier lui prit la main et la baisa tendrement. Leurs yeux se croisèrent.
L’homme chuchota.
— Il n’est pas encore tout à fait l’heure, Latifa mon amour. Il faut lutter.
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Elle était de retour dans la pièce bleutée. Habib se tenait au chambranle de la
fenêtre, le regard douloureux, le visage horriblement émacié. Latifa s’approcha.
— Comme vous semblez souffrir…
— Oh. Je m’y suis habitué. Mais vous voir en ce non-lieu me blesse davantage. J’ai
tant espéré et redouté de vous y retrouver ….
Habib grimaçait de douleur. Latifa nota ses yeux d’un jaune alarmant. Il passa la
langue sur ses lèvres craquelées.
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